Psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique

Dépression, idéations suicidaires et recours aux soins chez les étudiants d'université

Mis à jour le vendredi 1 février 2019

Auteurs

MORVAN Y. 1, MIGNON D. 2, CHAUMETTE B. 3

1 Université Paris Nanterre, Laboratoire CLIPSYD, EA4430, EVACLIPSY / Inserm UMR894, Insitut de Psychiatrie et Neurosciences de Paris, Laboratoire de Physiopathologie des Maladies Psychiatriques / Institut de Psychiatrie-GDR 3557 de Psychiatrie / Service Hospitalo-Universitaire, Centre Hospitalier Sainte-Anne, Nanterre / Paris / Paris / Paris FRANCE
2 Université Paris-Dauphine, PSL, LEDa, LEGOS, , Paris FRANCE
3 Inserm UMR894, Insitut de Psychiatrie et Neurosciences de Paris, Laboratoire de Physiopathologie des Maladies Psychiatriques / Institut de Psychiatrie-GDR 3557 de Psychiatrie / Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité / Service Hospitalo-Universitaire, Centre Hospitalier Sainte-Anne, Paris / Paris / Paris / Paris FRANCE

Résumé

Introduction

La tranche d'âge des jeunes adultes (18-25 ans) correspond au début des principaux troubles psychiatriques et psychologiques sévères, 75% débutant avant l'âge de 24 ans. Les 15-29 ans représentent le tiers de la population française et, en 2016, 2,6 millions d'étudiants étaient inscrits dans l'enseignement supérieur. Pourtant aucune étude d'ampleur n'avait jusqu'alors été menée chez les étudiants en France pour comparer la prévalence de la dépression et des idéations suicidaires ni estimer le recours aux soins dans cette population par rapport à la population générale.

Méthode

L'Observatoire de la Vie Etudiante (OVE) a interrogé 18 875 étudiants inscrits à l'université en 2016 sur leur santé en utilisant un auto-questionnaire. Ce questionnaire a été construit afin que les données soient comparables avec le Baromètre Santé des Français réalisé par Santé Publique France en population générale.

Résultats

Les étudiants étaient ainsi 37% à déclarer une période d'au moins deux semaines consécutives pendant laquelle ils se sont sentis tristes, déprimés, sans espoir au cours des 12 derniers mois (20,7% en population générale en 2005). Lorsque l'on considère la tristesse ou l'anhédonie présentes chaque jour ou presque, toute la journée ou pratiquement, 21,8% des étudiants sont concernés contre 10,7% de la population générale en 2005. En outre, 14,8% des étudiants souffrent d'un épisode dépressif majeur (7,8% en 2005 ; 9,8% et 11,7% chez les 18-24 ans en population générale en 2017). Les étudiants sont 8,4% à avoir pensé à se suicider au cours des 12 derniers mois et 4,4% à avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie (respectivement 3,4% et 5% chez les 15-30 ans en population générale en 2010). 5,5% des étudiants ont été jusqu'à envisager la manière de mettre fin à leurs jours (12 derniers mois) tandis que 1,8% ont déclaré avoir fait leur dernière tentative de suicide avec le souhait affirmé de mettre fin à leurs jours. Ce souhait était présent dans 36% des dernières tentatives (26% chez les 20-25 ans en 2010). Le recours aux soins des étudiants souffrant de dépression est moindre qu'en population générale (53 vs 68% en 2010) qu'il s'agisse de recours à un professionnel de santé ou à une structure de soins,de psychothérapie et de prescription médicamenteuse.

Conclusion

Les résultats mettent en lumière la fragilité psychique des étudiants ainsi que leur plus grande difficulté d'accès aux soins comparativement à la population générale. Malgré les limites de comparaison d'enquêtes conduites différemment et à des périodes temporelles différentes, ces données soulignent l'importance pour les acteurs de la santé des jeunes et des étudiants de mieux prendre en compte la problématique des troubles psychiques et de l'accès aux soins de cette population.

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Dépression, idéations suicidaires et recours aux soins chez les étudiants d’université en France

 

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