Résumé du Symposium présidé par le Pr Pierre Philip lors du Congrès du Sommeil 2020
En introduction, Pierre Philip nous rappelle l’enjeu majeur de santé publique constitué par ce champ de la « santé liée au sommeil », qui est une nouvelle notion et un champ d’intérêt croissant.
Meredith Wallace, de l’université de Pittsburgh aux États-Unis et de l’équipe de Daniel Buysse, est une experte internationale de ce nouveau champ et nous rappelle en préambule de son intervention que la vie est d’abord rythmique. Les rythmes veille-sommeil s’inscrivent dans une chronobiologie. Le sommeil s’inscrit donc le système circadien et est essentiel à l’ensemble des processus physiologiques. Il est par exemple connu que l’insuffisance de sommeil est associée à l’obésité, au diabète, aux infarctus du myocarde, à une surmortalité et à un ensemble de risques cardio-vasculaires.
Meredith Wallace définit la santé liée au sommeil comme une composante multidimensionnelle de l’individu, adapté à chacun selon ses besoins sociaux et environnementaux, dans l’objectif d’une bonne santé physique et mentale.
Ce champ de la santé liée au sommeil propose une approche dimensionnelle se portant plus précisément sur les dimensions suivantes du sommeil : régularité, durée, efficacité, période (« timing »), vigilance, et satisfaction.
Les bénéfices d’une telle approche multidimensionnelle dans le sommeil peuvent être une meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques, l’identification de nouveaux traitements, l’amélioration du dépistage, et l’augmentation de la fiabilité et de la rigueur de la recherche en sommeil.
Il existe tout un enjeu autour du développement d’échelles multidimensionnelles de santé liée au sommeil, qui sont plus efficientes qu’une mesure simple comme la durée de sommeil. Ces mesures sont possibles par auto-questionnaires sur ces dimensions, mais aussi par actimétrie, polysomnographie et neuroimagerie. Cette approche a également été validée par un questionnaire, le « SATED » (Satisfaction, Alertness/sleepiness, Timing, Efficiency, Duration) et validée à l’aide de l’actimétrie. Cette équipe a pu démontrer que ces approches permettaient aussi de définir des sous-groupes (ou phénotypes) de malades aux pronostics différents, notamment en termes de mortalité.
Enfin, Meredith Wallace attire notre attention sur un élément important à prendre en compte pour améliorer les recommandations de santé liée au sommeil : une meilleure compréhension de l’évolution de ces paramètres du sommeil au cours de la vie, qui semblent beaucoup se modifier en particulier entre 10 et 30 ans.
Beaucoup de chemin reste à faire concernant la recherche autour de la santé liée au sommeil, mais déjà ce nouveau concept permet de développer pour chaque dimension suscitée des recommandations spécifiques en population générale.
Dr Pierre A. GEOFFROY
MCU-PH, Université de Paris
Responsable adjoint du département de Psychiatrie et d’Addictologie Bichat-BeaujonNeuroscientifique dans l’unité INSERM UMR1141, équipe NeoPhen
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