Psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique

Dépression sévère : TPH2 et 5HTTLPR et réponse à l’Escitalopram

Publié le lundi 15 février 2021

Auteurs

L FAIROUQI Y.1, CHAMI A.2, VOURC'H P.2, WISSAM E.3

1 Centre Hospitalier Henri Laborit, Poitiers, FRANCE
2 Université de Tours, Tours, FRANCE
3 Université de Tours, Tours, FRANCE

Résumé

Introduction

Le traitement pharmacologique de la dépression repose sur l’utilisation d’antidépresseurs sérotoninergiques en première intention, dans le but d’obtenir une rémission clinique complète. Toutefois, 15 à 30% des patients présentent une non-réponse, ce qui suggère une variabilité interindividuelle, notamment biologique. Notre objectif principal était d’évaluer le caractère prédictif du polymorphisme du gène TPH2, codant pour la Tryptophane Hydroxylase, et du polymorphisme LPR du gène 5HTT codant pour le transporteur de la sérotonine, dans la réponse au traitement par Escitalopram, antidépresseur ISRS (Inhibiteur Spécifique de Recapture de la Sérotonine). L’objectif secondaire était d’étudier l’association de ces polymorphismes avec le risque suicidaire, la présence de caractéristiques mélancoliques et les troubles psychiatriques comorbides.

Méthode

Ce travail s’intègre dans le cadre d’une recherche biomédicale ayant constitué une cohorte prospective de 188 patients souffrant d’un Episode Dépressif Caractérisé (EDC) hospitalisés à la Clinique Psychiatrique Universitaire de Tours et traités par Escitalopram. La réponse a été définie par une réduction d’au moins 50% du score MADRS (Montgomery and Asberg Depression Rating Scale) entre J0 et J42. La recherche des polymorphismes génétiques a été effectuée par PCR (Polymerase Chain Reaction).

Résultats

Nous n’avons pas retrouvé de lien significatif entre la réponse au traitement et les polymorphismes du TPH2 (p=0,82) et du 5HTTLPR (p=0,98). Nous n’avons pas noté de lien significatif entre ces polymorphismes et le risque suicidaire ainsi que la présence de caractéristiques mélancoliques lors de l’EDC. Cependant, les génotypes G/T et T/T du TPH2 étaient associés à la présence d’un Trouble de Stress Post-Traumatique comorbide (OR= 2,88, p=0,012) et le génotype L/L du 5HTTLPR était associé à la présence d’une Anxiété Généralisée comorbide (OR=4,33, p=0,01).

Conclusion

Les polymorphismes du TPH2 et du 5-HTTLPR ne peuvent être considérés comme marqueurs uniques de la réponse antidépressive. Nécessité d’études pharmacogénétiques intégrant l’interaction gènes x environnement et le rôle d’autres variables comme l’épigénétique et les facteurs transcriptionnels.

 

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