Psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique

Identification de facteurs prédictifs de la rechute dans les troubles bipolaires : intérêt de l’actimétrie

Publié le lundi 15 février 2021

Auteurs

FERRAND L.1, MEYREL M.1, HENNION V.1, BELLIVIER F.1, ETAIN B.1

1 Fernand Widal, Paris, FRANCE

Résumé

Introduction

Le trouble bipolaire est une pathologie grave et fréquente. La prévention des rechutes thymiques est cruciale dans la prise en charge mais ces rechutes restent difficilement prévisibles. Les études issues du champ de la chronobiologie basées sur une évaluation subjective du sommeil montrent une forte prévalence des perturbations du sommeil et des rythmes circadiens lors des périodes d’euthymie. L’actimétrie permettrait une caractérisation plus précise de ces anomalies et l’identification de facteurs prédictifs de la rechute. Notre objectif était d’identifier des paramètres de l’actimétrie associés au risque de rechute thymique, afin de les proposer comme des facteurs prédictifs de la rechute dans les troubles bipolaires.

Méthode

Cette étude a été réalisée au sein d’un Centre Expert Troubles Bipolaires. Nous avons comparé 2 groupes de patients bipolaires euthymiques, un groupe ayant rechuté sur la période de suivi et un groupe n’ayant pas rechuté. Le sommeil et les rythmes circadiens ont été évalués par actimétrie pendant 3 semaines. Les critères d’évaluation principaux étaient les paramètres de sommeil, leurs variabilités et les paramètres circadiens générés par l’actimétrie.

Résultats

Notre cohorte était composée de 73 patients. 75.4% des sujets ont été suivis plus de 24 mois. 64.4% ont présenté au moins une rechute. Le temps médian à la rechute était de 16,2 mois. La médiane du nombre de rechute était de 2. Les deux groupes étaient comparables pour les caractéristiques sociodémographiques et pour les caractéristiques de la maladie. Après réalisation d’analyses de survie multivariées, 4 variables étaient significativement associées au délai de survenue de la rechute : la stabilité inter-jour (p = 0.003), la durée des éveils nocturnes (p = 0.008), M10 onset (p = 0.02) et la variabilité de latence d’endormissement (p = 0.048).

Conclusion

 Les sujets moins stables, du matin, et ayant un sommeil plus fragmenté et d’installation plus variable rechutent plus rapidement. C’est la première étude de ce genre incluant un nombre important de sujets. Cette étude renforce l’intérêt d’approches psychosociales ciblant le sommeil et les  rythmes circadiens comme outils de prévention de la rechute dans les troubles bipolaires.

 

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