Psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique

Consommation de psychédéliques : la réalité au-delà du mythe

Publié le vendredi 11 mars 2022

Auteurs

LAFORGUE E.1, ISTVAN M.1, BRESDIN V.1, SCHRECK B.1, VICTORRI-VIGNEAU C.1

  1. Centre Hospitalier Universitaire de Nantes, Nantes, France

Résumé

Introduction

Du peyotl à l’ayahuasca en Amérique et de l’iboga en Afrique à l’amanite tue-mouche en Eurasie, de nombreuses civilisations ont utilisé les psychédéliques afin de modifier perceptions et états de conscience. Outre l’usage rituel séculaire, une vertu curative était également recherchée via les propriétés de ces psychédéliques. Ceci fait écho à la récente arrivée de la kétamine dans l’arsenal thérapeutique de la dépression et autres recherches en cours sur l’usage de la psilocybine en psychiatrie. Au-delà de ces usages, il existe une forte consommation de drogues chez les jeunes avec une prolifération des substances disponibles et une émergence de nouvelles substances de synthèse dont certaines ont des propriétés hallucinogènes. Ainsi, quelle est la place des psychédéliques historiques comme les champignons hallucinogènes, la kétamine et le LSD chez les jeunes dans le panorama actuel des drogues ? L'objectif de ce travail est de quantifier et de caractériser la consommation de psychédéliques chez les jeunes.

Méthode

L'observatoire OCTOPUS (Observatoire des Consommations sur le Terrain – cOnnaître les Psychotropes UtiliséS) nous permet de décrire et de caractériser les profils de consommation de substances psychoactives chez les participants aux festivals de musique. Les sujets ont été inclus dans 13 festivals de musique en Loire-Atlantique de juillet 2017 à juillet 2018. Les données recueillies à l'aide d'un questionnaire comprennent les caractéristiques individuelles, les consommations de tabac, d'alcool et de substances psychoactives illicites. Nous avons analysé la consommation de drogues psychédéliques au cours des 12 derniers mois.

Résultats

Parmi les 483 sujets inclus, 314 étaient des consommateurs de substances psychoactives hors tabac et alcool. Parmi ces consommateurs, 110 sujets (35%) ont déclaré avoir consommé des psychédéliques. Il s'agissait de sujets jeunes, principalement masculins, socialement intégrés, avec un niveau d'éducation élevé et peu de comorbidités. Au total, 43 consommations de champignons, 37 de kétamine et 74 de LSD ont été rapportées. Les effets recherchés étaient principalement comparables pour les champignons et le LSD ("euphorie" et "déréalisation") et différents pour la kétamine ("défonce" et "détente" en plus). Le nombre de sujets dépendants varie selon la substance (aspect quantitatif) ainsi que la répartition des items positifs du DSM-IV (aspect qualitatif).

Conclusion

Nous retrouvons une consommation actuelle de psychédéliques fréquente parmi les jeunes individus participant aux festivals de musique. La présence d’effets recherchés spécifiques (euphorie, détente) souligne la question de l’usage thérapeutique de ces substances en psychiatrie. Les psychiatres et addictologues doivent néanmoins être conscients des troubles potentiels liés à l'utilisation des substances psychédéliques en dehors d’un cadre médical strict.

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