Psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique

Les étudiants en médecine ont-ils été plus empathiques pendant la pandémie ?

Mis à jour le vendredi 11 mars 2022

dans

Auteurs

TRIFFAUX J.1, TISSERON S.1, NASELLO J.1

  1. Hôpital de jour La Clé, Liège, Belgique

Résumé

Introduction

La pandémie mondiale sars-cov2 a été, et demeure malheureusement toujours, un moment historique pour l’humanité. De nombreux chercheurs ont pu montrer les conséquences négatives que cette dernière a eu sur la santé mentale de tout un chacun (e.g., l’augmentation de symptômes anxiodépressifs).

Objectif

Avant la pandémie, différentes recherches ont pu démontrer un déclin significatif en empathie chez les étudiants en médecine. Au vu de la situation inédite, nous avons tenté de déterminer si la pandémie actuelle a eu un impact délétère ou non sur l’empathie des étudiants en médecine. Pour ce faire, nous avons comparé la présente cohorte d’étudiants en médecine ayant vécu la pandémie avec deux récoltes de données précédentes ayant fait l’objet de publications (i.e., Triffaux et al., 20191 ; Kilic et al., 20212). En nous basant sur d’autres recherches sur les effets de la pandémie, nous nous attendions à une augmentation significative de l’empathie affective et une diminution significative de l’empathie cognitive.

Méthode

Nous avons recruté 395 étudiants en médecine et leur avons demandé de compléter deux questionnaires d’empathie : la Basic Empathy Scale (BES3, utilisée par Triffaux et al., 2019) et l’Interpersonal Reactivity Index (IRI4, utilisée par Kilic et al., 2021). Ensuite, nous avons comparé la cohorte « pandémie » avec les deux autres.

Résultats

Les résultats des deux groupes de comparaisons convergent et ont partiellement confirmé nos attentes. En effet, nous avons bel et bien observé une augmentation significative en empathie affective chez la cohorte « pandémie ». L’utilisation de la BES ou de l’IRI rapportait le même pattern mais, en utilisant l’IRI, c’est principalement la détresse personnelle qui augmentait significativement (avec l’IRI, l’empathie affective est composée de deux sous-dimensions : la détresse personnelle et la préoccupation empathique). Toutefois, contrairement à nos attentes, nous avons observé une augmentation significative en empathie cognitive chez cette même cohorte. Une fois encore les deux échelles montraient le même pattern mais, avec l’IRI, c’est la fantaisie qui était significative plus élevée (l’empathie cognitive de l’IRI est composée de deux sous-dimensions : la fantaisie et la prise de perspective).

Conclusion

En conclusion, cette étude a permis de déterminer que la pandémie a eu un impact significatif sur l’empathie des étudiants en médecine. En nous référant à plusieurs études et points de vue d’auteurs sur l’empathie, il s’avère que cet impact est plutôt délétère. Effectivement, les auteurs rapportent qu’une empathie affective (surtout pour la détresse personnelle) et une fantaisie élevée sont liées à des difficultés psychologiques. Dès lors, ces résultats montrent également que le langage commun qui définit l’empathie est particulièrement imprécis et trompeur. Que signifie réellement être plus empathique ?

 

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