Psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique

Réponse à l’eskétamine chez les patients sans réponse précoce

Mis à jour le vendredi 11 mars 2022

dans

Auteurs

GAUDRE WATTINNE E.1, TURKOZ I.2, FU D.2, SALVADORE G.2, SANACORA G.3, SHELTON R.4

  1. Janssen Département des affaires médicales, Issy Les Moulineaux, France
  2. Janssen Research & Development, LLC, Titusville, Etats-Unis
  3. Department of Psychiatry, Yale School of Medicine, New Haven, Etats-Unis
  4. Department of Psychiatry, University of Alabama School of Medicine, Birmingham, Etats-Unis

Résumé

Introduction

ASPIRE I et II sont deux études cliniques de phase III évaluant l’efficacité et la tolérance de l’eskétamine en pulvérisation nasale (ESK) versus placebo(PBO)  en association avec une prise en charge complète (SoC ; hospitalisation initiale et traitement antidépresseur oral) chez des patients présentant un épisode dépressif caractérisé (EDC) avec idéations suicidaires actives et intention de passage à l’acte. Cette analyse post-hoc vise à évaluer la réponse à 4 semaines chez les patients ne présentant pas de réponse précoce (premières 24h ou première semaine de traitement).

Méthodes

Cette analyse post-hoc porte sur les essais contrôlés randomisés ASPIRE I et II menés en double aveugle chez des patients adultes présentant un EDC avec idéations suicidaires actives et intention de passage à l’acte (Score total Montgomery-Åsberg Depression Rating Scale [MADRS]3 >28)  randomisés 1:1 pour recevoir ESK(84 mg)+SoC ou PBO+SoC 2 fois par semaine pendant 4 semaines. La réponse était définie comme une amélioration de ≥50% du score total MADRS par rapport à la baseline. Les taux de réponse à 25 jours (J25) ont été déterminés pour les patients ne présentant pas de réponse précoce à (a) 24h (jour 1 [4h et 24h post-dose]), et (b) semaine 1 (jour 1 [4h et 24h post-dose] et J8). Ces taux ont été comparés en utilisant des tests de Cochran–Mantel–Haenszel tests. Des modèles de régression logistique multiple ont permis d’estimer la probabilité de réponse à J25 et les odd ratio (OR) et intervalles de confiance ont été calculés.

Résultats

Dans ASPIRE I et II, 74,6% (135/181) des patients du groupe ESK+SoC et 58,3% (105/180) du groupe PBO+SoC ont présenté une réponse à J25 (P<0,001). Parmi les patients sans réponse précoce à 24h, 69,9% (100/143) du groupe ESK+SoC et 54,5% (85/156) du groupe PBO+SoC ont présenté une réponse à J25 (OR : 2,11; 95% CI : 1,33-3,36; P=0,002). Parmi les patients sans réponse précoce à 1 semaine, 69,4% (102/147) et 54,7% (87/159) du groupe ESK+SoC et du groupe PBO+SoC, respectivement, ont présenté une réponse à J25 (OR : 2,07; 95% CI : 1,29-3,31; P=0,003). Des résultats similaires favorisant ESK+SoC ont été observés pour la rémission définie comme un score total MADRS ≤12 à J25.

Conclusion

Parmi les patients présentant un EDC avec idéations suicidaires actives et intention de passage à l’acte ne présentant pas de réponse précoce, ceux recevant ESK+SoC avaient plus de chances présenter une réponse à J25 par rapport à ceux recevant PBO+SoC. Ces résultats soutiennent le bénéfice à continuer le traitement par ESK+SoC pendant 4 semaines dans cette population.

Déclaration d'intérêt

Cette étude a été financée par Janssen Scientific Affairs, LLC, USA.

Réferences

Fu DJ et al. J Clin Psychiatry. 2020;81(3):19m13191.
Ionescu DF et al. Int J Neuropsychopharmacol. 2020; doi: 10.1093/ijnp/pyaa068.
Williams JB, Kobak KA. Br J Psychiatry. 2008;192(1):52-58.

 

Consulter le poster

Retour aux meilleurs posters 2022

Dernières actualités

Anxiété et insomnie chez les seniors : comment se passer des benzodiazépines ?

L'ANSM a rappelé les dangers de l'usage des benzodiazépines chez les seniors pour traiter l'anxiété ou l'insomnie. Quelles sont les alternatives ?

IA, Machine Learning & Psychiatrie

L'IA et le machine learning peuvent-ils ouvrir de nouvelles voies pour une psychiatrie de précision ? Jean-Del Burdairon apporte quelques éléments de réponse avec l'exemple de l'électroencéphalographie pour la classification du trouble obsessionnel-compulsif.

Schizophrénie : Quand ça va trop vite !

Très présent chez les schizophrènes, le risque de suicide pourrait être impacté par certaines variantes génétiques selon des études récentes, décryptées par Jean-Del Burdairon.

Dépression résistante : et après ?

La dépression résistante concerne jusqu’à 30% des épisodes dépressifs majeurs. Quelle stratégie adopter pour favoriser et maintenir la rémission ?