GODIER E.1, IFRAH G.1, LE GAL D.1, LUSVEN M.1, GOHIER B.1
L'auto-empoisonnement au monoxyde de carbone par la combustion de charbon de bois est une méthode de suicide courante en Asie de l'Est mais qui a rarement été décrite en Europe. Nous présentons quatre cas de tentative de suicide par combustion de charbon en France entre novembre 2019 et novembre 2020 et comparons deux épidémies de suicides au charbon, soulignant un risque de contagion potentiellement émergent en Europe. Nous alertons également sur les conséquences neuropsychiatriques possibles de cette méthode chez les survivants.
Nous présentons en particulier le cas d’une femme d’âge moyen souffrant d’une amnésie antérograde sévère due à des lésions hippocampiques bilatérales à la suite d’une tentative de suicide par combustion de charbon. Parmi les cas décrits, deux rapportent avoir découvert cette méthode de suicide en ligne, sur des forums de discussion. L’ensemble des patients présentaient des antécédents de pathologie psychiatrique.
Les survivants peuvent souffrir de symptômes neuropsychiatriques après un intervalle libre de 2 à 40 jours. Il est rapporté des cas de syndromes parkinsoniens, d’amnésies antérogrades, de dépressions et de troubles obsessionnels compulsifs.
Ces symptômes peuvent résulter de lésions des noyaux gris centraux et des fibres de la substance blanche. Des mécanismes d’hypoxie, d’inflammation et de réponse immunitaire sont impliqués dans ces lésions. L'utilisation prolongée de l’oxygénothérapie hyperbare pourrait prévenir cela. Des cas d'amélioration de symptômes neuropsychiatriques ont également été décrits avec des traitements tels que la bromocriptine, la L-dopa ou la ziprasidone.
Cette méthode de suicide peut être associée à un fort effet Werther, comme l'illustre l’épidémie de suicide au charbon en Asie de l’Est faisant 50 000 morts entre 1998 et 2011, ainsi que celle de Paris au XIXème siècle faisant 1 426 morts entre 1834 et 1843. Ces deux épidémies n’ont jusqu’à présent jamais été comparées dans la littérature. Pourtant, nous retrouvons de fortes similitudes dans les mécanismes de contagion suicidaire ainsi sur les populations touchées.
À Hong Kong et à Taïwan, la restriction de l'accès au charbon semble avoir eu un effet protecteur contre ce type de suicide.
Les psychiatres travaillant en psychiatrie de liaison devraient connaitre ces présentations cliniques dans l’éventualité d’auto-intoxications au monoxyde de carbone rencontrées aux urgences ou en réanimation. Concernant la prévention de la contagion suicidaire, les journalistes devraient être encouragés à suivre la liste de recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé lorsqu'ils couvrent des suicides. Les actions de prévention sont également possibles en ce qui concerne la restriction de l’accès à ce moyen. Cela souligne l'importance de connaître les méthodes de suicide émergentes dans le but de prendre des mesures de prévention rapides et spécifiques.
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