La schizophrénie porte sur ses épaules le fardeau non seulement de la maladie et du stigma, mais de sa naissance : avant d’être la maladie que l’on sait, portant le nom de schizophrénie, elle était désignée comme démence, et qui plus est démence précoce. Reste-t-il quelque chose de ces temps anciens ? Assurément. Comme d’ailleurs les hôpitaux psychiatriques luttent toujours contre cette perspective d’inéluctable déclin, en marge du monde.
Il se pourrait que l’épidémiologie et les neurosciences renouvellent ce regard, que la société cesse de le détourner, ce regard, en comprenant enfin la maladie, et en constatant l’évolution de son pronostic. Nous pouvons compter pour cela sur la culture clinique et scientifique d’Eric Fakra. En nous emmenant aux confins des territoires de la schizophrénie, il bat en brèche des idées reçues et ouvre des perspectives. La question de la cognition ne sert plus à condamner à l’isolement et au handicap, elle devient un enjeu de recherche, et surtout un enjeu de soin.
La psychiatrie du 21ème siècle n’a pas vocation à faire taire, surveiller ou punir, elle s’emploie à redonner aux patients et leurs proches les moyens de leur autonomie. Il faudra certes se débarrasser des querelles germanopratines qui opposent pharmacothérapie et psychothérapie : dans la vraie vie, l’une et l’autre marchent main dans la main.
Raphaël Gaillard
Président du Comité Scientifique de l'Encéphale
Ce contenu vous est proposé avec le soutien institutionnel de Boehringer Ingelheim