Il faut l’énergie de la Catalogne et la rigueur de l’European College of Neuropsychopharmacology (ECNP) pour que neurosciences et psychiatrie se rencontrent autour d’un objet inattendu : la madeleine de Proust. Le comité scientifique du Congrès de l’Encéphale est en mission pour rendre compte de ce curieux phénomène, et nous éclairer sur ses implications, en ce mois d’octobre 2023 qui déclasse l’été indien au rang d’idée du siècle dernier : c’est l’été, et au cœur de l’Europe.
Ladite madeleine se décline sous différentes versions. Tout d’abord par l’effet de réminiscence, dont Sheena Josselyn s’est attachée à nous décrire les bases neurales, traquant dans les amygdales cérébrales l’engramme qui inscrit notre mémoire et rend compte de ses propriétés. Les implications de ces travaux neuroscientifiques de tout premier plan pourraient être majeurs dans la compréhension et la prise en charge du psychotraumatisme. Ensuite par les enjeux métaboliques, qui décidément deviennent cruciaux en psychiatrie, qu’il s’agisse du ménage à trois que forment l’obésité, l’inflammation et la dépression, ou des effets des recommandations dites de lifestyle (ou mode de vie), dont on commence à comprendre que ce pourrait ne pas être un miroir aux alouettes. Enfin par les enjeux cérébraux qui se dégagent du suivi de grandes cohortes telles que la mystérieuse ENIGMA, nous révélant les effets des thymorégulateurs au cours du temps : il faut décidément avoir la mémoire longue pour comprendre le trouble bipolaire.
Se remémorer avec Proust et travailler au futur de la psychiatrie par les neurosciences, ce pourrait être une bonne prescription pour tout psychiatre.
Bonne lecture à tous
Pr Raphaël Gaillard
Président du Comité Scientifique de l'Encéphale
Avec le soutien institutionnel de Lundbeck
Attention cette publication est un compte-rendu de congrès qui peut contenir des informations hors autorisation de mise sur le marché