Psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique

Dépendance à l'exercice physique et orthorexie nerveuse : étude comparative

Mis à jour le lundi 20 mars 2023

dans

Auteurs

Eva HANRAS (1), Géraldine DORARD (1), Emilie BOUJUT (1)

  1. Université Paris Cité, Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé, Boulogne-Billancourt, FRANCE

Résumé

Introduction

Afin de prévenir l’émergence de maladies chroniques, il est recommandé de pratiquer régulièrement une activité physique d’intensité modérée à soutenue (OMS, 2021). Cependant, cette pratique peut prendre un caractère pathologique chez 3 à 7% des individus (Marques et al., 2019), avec l’émergence de symptômes addictifs, qu’ils soient primaires ou secondaires à un trouble des conduites alimentaires (Hausenblas & Symons Downs, 2002). La dépendance à l’exercice physique semble aussi être associée à l’orthorexie nerveuse (i.e., obsessions pathologiques portées sur la qualité de l’alimentation en vue d’atteindre un état de santé optimale ; Strahler et al., 2021), mais les relations entre ces deux conduites ont peu été explorées. L’objectif principal de cette étude était donc de comparer l’intensité de l’orthorexie nerveuse chez des individus atteints de dépendance à l’exercice physique comparativement à des non-dépendants. Afin de mieux comprendre l’association entre ces deux conduites, les motivations aux choix alimentaires et l’anxiété liée à la santé ont également été comparées. 

Méthode

Un total de 928 femmes pratiquant régulièrement de l’exercice physique (37,8 ans ; ET = 13,0) issues de la population générale ont participé à cette étude. Elles ont complété l’EDQ (Exercise Dependence Questionnaire ; Kern & Baudin, 2011), la TOS (Teruel Orthorexia Scale ; Maïano et al., 2022), le FCQ (Food Choice Questionnaire, Hanras et al., s.d) et le HAQ (Health Anxiety Questionnaire ; Bridou, 2012. En utilisant le cut-off de l’EDQ proposé par Bamber et al. (2003), 17,24% des participantes ont été identifiées comme à risque de présenter une dépendance à l’exercice.

Résultats

Les participantes à risque de présenter une dépendance à l’exercice physique ont obtenu des scores d’orthorexie nerveuse et d’anxiété liée à la santé significativement supérieurs aux autres (Tableau). Elles ont déclaré être davantage motivées dans leurs choix alimentaires par le contenu naturel, de santé, de contrôle de poids, de régulation des émotions désagréables ainsi que par la familiarité des aliments. Par ailleurs, la motivation à réaliser de l’exercice physique dans le but de perdre du poids était modérément associée à l’orthorexie nerveuse et à l’anxiété liée à la santé (r = 0,39, p < ,001 et r = 0,20, p < ,001).

Conclusion

Les femmes qui présentent une dépendance à l’exercice physique peuvent être sujettes à des obsessions liées à la qualité de l’alimentation avec l’installation de rituels autour de la vérification des aliments et de leur préparation. Ces obsessions alimentaires et la pratique excessive d’exercices physiques semblent toutes deux s’apparenter à une tentative de réguler des émotions négatives notamment liées à la santé. Une attention particulière doit être portée aux individus qui augmentent la fréquence et l’intensité des exercices physiques ainsi qu’à ceux qui développent des rituels autour de l’alimentation afin de prévenir l’émergence de difficultés.

 

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