Psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique

La grossesse chez les femmes présentant une schizophrénie : méta-analyse

Mis à jour le mercredi 18 janvier 2023

dans

Auteurs

Damien ETCHECOPAR-ETCHART (1,2), Roxane MIGNON (1), Laurent BOYER (1,2), Guillaume FOND (1,2)

  1. Aix-Marseille Université, Marseille, FRANCE
  2. Fondation FondaMental, Créteil, FRANCE

Résumé

Les femmes présentant une schizophrénie, et leurs nouveau-nés, risquent d’être exposés à des complications durant la grossesse, l'accouchement, et dans la période post-natale. Cependant, des estimations épidémiologiques robustes et informatives font défaut pour guider les politiques de santé dans la priorisation et l'organisation des services périnataux.

Pour la première fois, nous avons effectué une revue systématique et une méta-analyse pour synthétiser les preuves accumulées sur la grossesse, l'accouchement, les complications néonatales et la mortalité infantile chez les femmes présentant une schizophrénie et leurs nouveau-nés (N = 43 611) par rapport aux témoins (N = 40 948 272) entre 1999 et 2021 (26 études incluant 11 pays à revenu élevé). Un modèle par effet aléatoire a été utilisé avec le package meta de R.

Les femmes présentant une schizophrénie rapportent des odds-ratio (OR) plus élevés que les femmes témoins concernant différentes complications (fig.1). On note des risques plus élevés de diabète gestationnel (OR 2,35, IC 95 % : [1,57-3,52]), d'hypertension gravidique, de prééclampsie/éclampsie (1,55, IC 95 % : [1,02-2,36] ; 1,85, IC 95 % : [1,52-2,25]), d’hémorragies ante-partum et post-partum (2,28, IC à 95 % : [1,58-3,29] ; 1,14, IC à 95 % : [1,04-1,24]), de décollement du placenta, de menace d'accouchement prématuré et de rupture prématurée des membranes (2,20, IC à 95 % : [2,02-2,39] ; 2,91, IC à 95 % : [1,57-5,40] ; 1,29, IC 95 % : [1,06-1,58]). Concernant l’accouchement, on retrouve un plus grand risque de césarienne (1,33, IC 95 % : [1,22-1,45]), de souffrance fœtale (1,80, IC 95 % : [1,43-2,26]), d’accouchement prématuré et très prématuré (1,79, IC 95 % : [1,62-1,98] ; 2,31, IC 95 % : [1,78-2,98]), de petite taille pour l'âge gestationnel et de faible poids de naissance (1,63, IC 95 % : [1,48-1,80] ; 1,75, IC 95 % : [1,46-2,11]), de malformations congénitales (1,86, IC 95 % : [1,71-2,03]) et de mortinaissances (2,06, IC 95 % : [1,83-2,31]). Leurs nouveau-nés présentent des risques plus élevés de décès néonatal (1,41, IC 95 % : [1,03-1,94]), de décès post-néonatal (2,87, IC 95 % : [2,11-3,89]) et de mortalité infantile (2,33, IC 95 % : [1,81-3,01]).

Cette méta-analyse à grande échelle confirme que la schizophrénie est associée à un risque sensiblement accru d'accouchement très prématuré, de mortinatalité et de mortalité infantile. Aucune étude de population n'a été menée dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, dans lesquels les problèmes de santé des femmes atteintes de schizophrénie sont probablement plus prononcés. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les besoins complexes des femmes présentant une schizophrénie et de leurs nouveau-nés, déterminer comment optimiser la prestation des soins et définir les meilleures pratiques, en lien avec les professionnels de la santé périnatale.

 

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