Les psychédéliques à l’honneur

Les addictions ?

Au CHU de Nîmes, le Dr Amandine Luquiens mène une étude pilote, l’étude PAD, pour évaluer l'efficacité de la psychothérapie assistée par la psilocybine dans le traitement des troubles liés à l'usage de l'alcool accompagnés de symptômes dépressifs. Trente patients, récemment sevrés, recevront en aveugle soit une dose de 25 mg de psilocybine, soit une microdose de 1 mg dans les mêmes conditions, avec une préparation et un encadrement psychothérapeutiques rapprochés en complément de leur traitement habituel. L'étude vise à évaluer la faisabilité et l'efficacité préliminaire de ce traitement en vue d'un essai clinique à grande échelle, avec l'espoir de réduire les rechutes.
Deux autres essais chez les patients présentant un trouble de l’usage de l’alcool sont en attente d’autorisation, un projet coordonné par le Pr Amine Benyamina avec de la psilocybine : PAPAUD, financé par l’ANR, et autre avec du LSD proposé par le Pr Luc Mallet : ADELY, lui financé par le fonds de lutte contre les addictions et qui comprend des études d’imagerie cérébrale.

La dépression ?

La société américaine COMPASS, après le succès de son article dans le NEJM (au bout de trois semaines, 29 % des patients ayant reçu une dose de 25 milligrammes étaient en rémission selon l'échelle MADRS), mène des essais de phase 3 jusqu’en 2025 sur l’efficacité de la version synthétisée de psilocybine dans la dépression. En France, ce sont les hôpitaux de la Pitié-Salpêtrière et de Sainte-Anne qui participent à ces essais.

Cependant, les effets psychédéliques présentent des risques et peuvent limiter l’acceptabilité clinique. Le projet PSILOTRAZ JCJC, “Dissociating psychedelic and therapeutic effects of psilocybin in treatment-resistant depression”, coordonné par le Dr. Lucie Berkovitch à l'hôpital Sainte-Anne, lui, propose une approche novatrice pour dissocier les effets thérapeutiques de la psilocybine de ses effets psychédéliques. En combinant la psilocybine avec la trazodone, une molécule capable de contrecarrer les effets psychédéliques en antagonisant l’effet 5HT2A, il est possible d’isoler l’effet antidépresseur de la psilocybine et donc d’observer l’effet d’une molécule psychédélique lorsqu’elle est dépourvue de son effet psychédélique. Cela permettrait de découvrir un antidépresseur qui soit non seulement efficace dès la première administration, mais également exempt des effets contraignants hallucinogènes des traitements actuels.

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Auteurs : Jean-Del BURDAIRON et Raphaël GAILLARD

Références

^{Goodwin, G. M. et al. Single-Dose Psilocybin for a Treatment-Resistant Episode of Major Depression. Engl J Med 387, 1637–1648 (2022).}

Pour aller plus loin

Si le sujet des psychédéliques vous passionne vous pouvez revoir les conférences du Dr BERKOVITCH sur le site de l’encéphale :

Dune, une vision pour demain          Trip mystique