Hend MAATOUK (1)
Aujourd’hui, le harcèlement scolaire est un vrai problème de santé mentale. Plus de 700 000 élèves qui sont encore victime de ce phénomène en France. Et si le harcèlement scolaire entraîne des conséquences graves pour les victimes, il conditionne aussi l’avenir des harceleurs. De ce fait, on s’est intéressé dans cette étude d’essayer de comprendre quel profil se cache derrière le harceleur.
Étudier le profil des enfants harceleurs scolaires et réfléchir sur les moyens de prévention et de prise en charges de ces enfants.
Il s’agit d’un travail rétrospectif et comparatif des enfants suivi dans le cmp enfant ( 2-12 ans) du service de pédopsychiatrie du centre hospitalier de Verdun- Saint Mihiel entre septembre 2022 et septembre 2023 et d’une revue de la littérature des articles récemment publiés.
Parmi les 42 enfants suivis pour trouble du comportement en milieu scolaire, 6 enfants, d’âge moyen 10,8 ans, étaient décrits comme harceleurs en milieu scolaire : 5 garçons et 1 fille. En se basant sur les données de la littérature on a pu catégoriser 3 types d’enfants harceleurs : les suiveurs, ceux qui répètent un traumatisme et les meneurs. Dans notre population il y avait 2 meneurs, 2 suiveurs et 2 ayant eux même subit du harcèlement scolaire. Notre analyse a montré que les harceleurs-suiveurs sont des élèves peu sûrs d’eux, donc ce ne sont pas eux qui initient l’intimidation, ils attendent le moment où une agression commence et deviennent des participants. Les harceleurs ayants été eux même victimes cherchent à réparer leurs blessures en infligeant du mal aux plus faibles. Et ce qui a été intéressant dans cette étude c’est qu’on a trouvé dans le 3ème groupe de harceleurs-meneurs, un profil de troubles neurodéveloppementaux (TND). En effet, parmi les deux enfants, un qui avait un TDAH non diagnostiqué jusque là et compliqué de trouble de conduite, et un enfant avec TSA non diagnostiqué. Les deux enfants manquaient d’empathie et de reconnaissance émotionnelle des autres et avaient des difficultés sociales en lien avec des capacités faibles de théorie de l’esprit. D’où notre questionnement sur un déficit au niveau de la flexibilité cognitive et de la théorie de l’esprit chez ce groupe d’enfants harceleurs.
En améliorant la flexibilité cognitive et la théorie de l’esprit, on pourrait espérer un changement de comportement de la part des élèves harceleurs, permettant une meilleure acceptation sociale et reconnaissance émotionnelle de l’enfant. Ainsi, parmi les programmes de lutte contre le harcèlement à l'école, on peut proposer un dépistage du déficit au niveau de la théorie de l’esprit qui serait un plan global de prévention et d’orientation des situations de harcèlement scolaire.