Lilia HOUISSA (1), Feten FEKIH-ROMDHANE (1,8), Souheil HALLIT (2,3,4,5), Majda CHEOUR (1,8), Alexandre Andrade LOCH (6,7)
Les expériences psychotiques (EP) et les troubles des conduites alimentaires (TCA) sont fréquemment observés dans la population générale, en particulier pendant l'adolescence.
Bien que les preuves suggèrent que les EPs et les TCA peuvent coexister, la relation complexe entre ces deux troubles demeure mal comprise, avec des recherches limitées. L’objectif de notre étude est d’étudier la relation longitudinale entre les TCAs et les EPs chez un échantillon non clinique d’adolescents.
Il s'agit d'une étude prospective longitudinale. La population cible est des lycéens âgés de 14 à 18 ans. Le recueil de données s’est fait du mois d'Avril 2022 jusqu’en Avril 2023, dans 4 lycées de Tunis. Le recueil s’est fait ainsi sur trois temps, séparés de 6 mois, chez la même population. Les élèves ont rempli un questionnaire comportant des données sociodémographiques, ainsi que 3 tests : -The Eating Attitude Test (EAT-26) afin de mesurer la fréquence et les caractéristiques des TCA. -. -The Multidimensionnal Body Self-Relations Questionnaire Appearance Scales (MBSRQ-AS), un outil d’évaluation de l’image du corps et la satisfaction personnelle de plusieurs parties du corps. -The Community Assesment of Psychic Experiences (CAPE-42) étudiant la présence d’EPs.
L'étude a porté sur 510 lycéens (âge moyen : 16,0 ± 1,01 ans), principalement des filles (61,2 %), dont 37,8 % ont déclaré un revenu familiale supérieur à 3 000 dinars tunisiens. Des augmentations significatives ont été observées dans la consommation de tabac et d'alcool (p=0,003), avec une légère augmentation de la consommation de cannabis (p=0,052) et des antécédents psychiatriques familiaux élevés (p=0,039). Les scores de TCA ont légèrement augmenté, passant de 11,9 à 12,6 à 12 mois (p=0,080). En outre, la satisfaction à l'égard des parties du corps et l'orientation vers l'apparence se sont améliorées de manière significative (p=0,025, p=0,007), tandis que les idées de persécution ont augmenté (p=0,018) et que les anomalies de perception ont diminué (p=0,021). Une légère augmentation de l'IMC de 21,6 à 21,7 à 12 mois était également significative. L'analyse de médiation a indiqué que la préoccupation par le surpoids et la satisfaction des parties corps servaient de médiateur sur la relation entre les expériences psychotiques à to et les TCAs à 12 mois comme démontré sur la figure 1, et que les scores CAPE influençaient les mesures des TCAs et de l'image corporelle, sans avoir d'impact direct sur l'IMC.
Cette étude est la première à démontrer que les troubles de l'image corporelle influencent la relation entre les EPs et les TCAs. Les adolescents présentant des EPs élevés sont plus susceptibles d'éprouver des troubles de l'image corporelle, ce qui entraîne par la suite des symptômes de TCAs. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les mécanismes sous-jacents et développer des interventions ciblées pour les adolescents à risque.