Benjamin NASRI (1), Élise MANRIQUE (1), Grégory GROSS (1)
Actuellement, les stratégies de prise en charge des symptômes psychocomportementaux liés aux démences (SPCD) présentent de nombreuses limites. En premier lieu, les mesures comportementales et environnementales de première intention semblent inadaptées aux situations d’urgence et peuvent nécessiter du temps et des moyens souvent indisponibles en pratique courante. De plus, les traitements pharmacologiques disponibles se montrent souvent peu efficaces et mal tolérés chez une population âgée souvent polypathologique. À partir des résultats issus de notre revue de la littérature portant sur l’efficacité et la tolérance des techniques de neurostimulation appliquées aux SPCD, nous avons tenté de construire un algorithme thérapeutique de prise en charge incluant l’électroconvulsivothérapie (ECT) et la stimulation magnétique transcrânienne répétée (rTMS). À notre connaissance, il n’existe aucune donnée ou recommandation positionnant ces approches dans les stratégies actuelles de prise en charge des SCPD. L’algorithme proposé ici a pour vocation d’exposer les perspectives envisageables pour ces deux techniques dans cette indication.
Nous nous sommes appuyés sur les données d’efficacité et de tolérance de l’ECT et de la rTMS dans la prise en charge des SPCD publiées entre janvier 2011 et septembre 2022 dans la base de données Pubmed.
Du fait de leur innocuité supérieure, les mesures environnementales et comportementales sont à proposer en première intention. Celles-ci sont d’ailleurs recommandées actuellement dans les situations où il n’existe pas de risque imminent pour le patient ou pour son entourage. En cas de formes de SPCD réfractaires ou d’intensité sévère, les données actuelles semblent suggérer une possible efficacité de l’ECT et de la rTMS en association au traitement médicamenteux. Par ailleurs, la rTMS semble présenter un meilleur profil de tolérance par rapport à l’ECT dans cette indication. Ainsi, après la prise en compte de la sévérité de la démence et du type de symptôme présenté, nous questionnons un possible positionnement de la rTMS en association à un traitement pharmacologique en seconde intention. Enfin, face aux situations réfractaires, l’association d’un traitement pharmacologique avec l’ECT pourrait être proposée en troisième intention.
Les données préliminaires d’efficacité et de tolérance de l’ECT et de la rTMS dans la prise en charge des SCPD semblent encourageantes et permettent de questionner leur positionnement dans les stratégies thérapeutiques actuelles. Notre proposition d’algorithme thérapeutique est à considérer avec précaution compte tenu du faible nombre d’études et des nombreux biais et limites méthodologiques existants. Des études ultérieures utilisant une méthodologie rigoureuse seront nécessaires afin d’étayer ces données prometteuses.