Psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique

Prévalence des dysfonctions sexuelles chez les patients atteints de schizophrénie

Mis à jour le jeudi 20 novembre 2025

Auteurs

KORCHIA T. (1), ACHOUR V. (1), FAUGERE M. (1), BOYER L. (1), FOND G. (1)

  1. Hopital Sainte Marguerite, Marseille, FRANCE

Résumé

Introduction

Les dysfonctions sexuelles sont un effet secondaire commun mais souvent négligé des traitements antipsychotiques chez les patients atteints de schizophrénie. Ces troubles incluent des dysfonctionnements tels que la perte de libido, les troubles de l’érection, les troubles de l’éjaculation, l’aménorrhée et les dysfonctions orgasmiques, et impactent significativement la qualité de vie. Malgré leur prévalence, ces symptômes sont rarement explorés en profondeur lors de la prise en charge clinique. Cette revue systématique et méta-analyse vise à évaluer la prévalence globale des dysfonctions sexuelles dans la population schizophrène et à analyser les facteurs associés à ces troubles.

Méthodologie

Une recherche systématique a été effectuée dans plusieurs bases de données pour recenser les études observationnelles publiées jusqu’en juin 2022. Un total de 72 études incluant 21 076 patients atteints de schizophrénie dans 33 pays ont été sélectionnées selon des critères d’inclusion stricts. Des modèles statistiques à effets aléatoires ont été utilisés pour estimer la prévalence globale des dysfonctions sexuelles, ainsi que des sous-analyses pour explorer l’hétérogénéité des résultats en fonction de variables telles que le sexe, la durée de la maladie, l’utilisation de psychotropes, et la gravité de la pathologie.

Résultats 

La prévalence globale des dysfonctions sexuelles chez les patients schizophrènes est de 56,4 %, avec une différence notable entre les sexes : 55,7 % chez les hommes et 60 % chez les femmes. Chez les hommes, les troubles de l’érection (44 %) et la perte de libido (41 %) étaient les plus fréquents, suivis des troubles de l’éjaculation (39 %). Chez les femmes, les dysfonctions orgasmiques (28 %) et l’aménorrhée (25 %) prédominaient. Plusieurs facteurs ont été identifiés comme modulateurs de ces troubles : les patients sous antidépresseurs et stabilisateurs de l’humeur présentaient des taux plus faibles de dysfonctions sexuelles, tandis que les patients avec une schizophrénie de longue durée avaient moins de troubles érectiles. En revanche, la prise d’antipsychotiques n’a pas montré d’amélioration significative des troubles sexuels, même avec l’introduction des antipsychotiques de deuxième génération.

Conclusion

Cette méta-analyse met en évidence une prévalence élevée des dysfonctions sexuelles chez les patients atteints de schizophrénie, ce qui affecte leur bien-être global et leur qualité de vie. Les résultats suggèrent que le traitement des comorbidités, en particulier la dépression, ainsi qu'une réévaluation des stratégies thérapeutiques incluant des antidépresseurs, pourraient jouer un rôle clé dans la réduction de ces symptômes. Il est crucial d'intégrer un dépistage systématique des dysfonctions sexuelles dans la prise en charge des patients schizophrènes pour améliorer les interventions thérapeutiques et optimiser leur qualité de vie.

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