"Où est la pensée, là est la puissance."
Victor Hugo
A l’heure où nous écrivons ces lignes, la France suspend son souffle. Choquée par les élections européennes, tétanisée par la dissolution de l’Assemblée Nationale, sidérée par le premier tour des législatives. L’expérience traumatique a cette faculté d’interrompre le cours du temps, de condamner à la répétition. Et en matière de répétition, chacun pense ici au pire de l’Histoire. Il est même étrange d’évoquer la perspective de janvier 2025, qui semble si lointaine, dans le temps et dans les cœurs. Comme si nous n’étions plus que cela et pour toujours : cet espace psychique paralysé, ce corps social meurtri, cet effondrement du politique.
Ce serait justement faillir à la tâche, celle qui incombe au psychiatre. Ce serait cesser de prendre soin de l’autre, envers et contre tout, y compris si c’est assumer la condition de Sisyphe. Ce serait désespérer de la condition humaine, au lieu de répondre à ses souffrances. Ce serait cesser de penser, quand notre exercice consiste au contraire à redonner cette liberté.
L’esprit libre : telle est notre aspiration, et notre revendication. Il n’y a pas d’autre perspective que celle d’en créer toujours de nouvelles. Quoi qu’il arrive – à chacun de s’employer d’ici là à éviter le pire -, nous serons là en janvier prochain, et nous nous retrouverons pour célébrer ce qui nous réunit : la psychiatrie bien sûr, et au travers de celle-ci le souci de l’autre et le plaisir de penser. Ici ou là, parmi des sessions incontournables sur l’état de notre art de la psychiatrie – le label « Conduite à tenir » - ou le futur des neurosciences, se glisseront des conférences et des rencontres dont chacun percevra les liens avec ce que nous traversons collectivement. De même que dans notre exercice quotidien nos consultations sont la chambre d’écho de l’actualité, cette édition 2025 du Congrès de l’Encéphale en sera le témoin.
Mais plus que par tout programme, c’est par le seul fait de se retrouver, dans notre diversité d’origine et d’exercice, que nous manifesterons notre volonté de ne rien laisser entraver notre vocation. Soyez au rendez-vous. Nous y serons.
Raphaël Gaillard
Président du Comité Scientifique
