Psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique

Félicitations aux lauréats de l'Encéphale 2024 !

Mis à jour le vendredi 26 janvier 2024

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À l'occasion de sa 22e édition, le Congrès de l'Encéphale a décerné plusieurs prix : découvrez les travaux et start-up récompensés !

 

Prix du congrès

Co-occurrence d'un premier épisode psychotique et d'une pathologie borderline dans une cohorte australienne d'un centre d'intervention précoce

SCHANDRIN-BERTRAND A. (1), Francey S. (2), McGorry P. (2), Chanen A. (2), O'Donoghue B. (2)
(1) CHU Carémeau, Nîmes, FRANCE; (2) Orygen, Melbourne, AUSTRALIE

Introduction

Le trouble de la personnalité borderline (TPB) est courant chez les personnes présentant un premier épisode psychotique (PEP), mais il est souvent sous-reconnu et sous-étudié. Cette étude visait à déterminer :

  1. la prévalence de la pathologie borderline dans une cohorte de PEP (appelée PEP + PB)
  2. les facteurs démographiques et cliniques associés à PEP + PB
  3. l'évolution symptomatique et fonctionnelle.

Méthodes

Cette étude a été menée au sein d’EPPIC (Early Psychosis Prevention and Intervention Centre) à Orygen (Melbourne, Australie) sur une période de 30 mois entre 2014 et 2016. A l’admission, la pathologie borderline (PB) a été évalué à l'aide d’un questionnaire « HYPE screening » qui recherche les 15 items du TPB selon le SCID-II-PQ (Structured Clinical Interview for DSM-IV Axis II Personality Questionnaire), un score supérieur ou égal à 11 équivaut à PB (score supérieur ou égal à 13 pour le TPB et score à 11 ou 12 proches du seuil TPB). L’évolution symptomatique et fonctionnelle était évaluée durant les 2 années de prise en charge en sein d’EPPIC.

Résultats

Dans une cohorte de 457 jeunes ayant présenté un PEP (âge moyen 19,5 ans, 56 % d'hommes), 18,4 % présentaient une pathologie borderline. Par rapport au groupe PEP seul, les jeunes atteints de PEP + PB étaient plus fréquemment des femmes, plus jeunes, nées en Australie. De plus, les jeunes atteints de PEP + PB étaient plus susceptibles de recevoir un diagnostic de psychose non spécifié, de présenter des hallucinations plus graves et un trouble lié à l’usage d'alcool. Ils avaient également plus de difficultés relationnelles lors de l’admission et étaient plus susceptibles de souffrir de dépression et de s'automutiler tout au long du suivi. Enfin les sujets du groupe PEP + PB n’avaient pas des taux différents de rémission ou de rechute, mais ils étaient moins susceptibles d'être hospitalisé lors de leur admission ou d’avoir des soins sous contrainte au cours de leur prise en charge.

Conclusion

La pathologie borderline est fréquente parmi la population de jeunes suivis pour des troubles psychotiques débutants, et est associée à des hallucinations et à une dépression plus graves avec des risques plus élevés d'automutilation. Des évaluations et interventions spécifiques doivent être développées au sein des centres d’intervention précoce.

 

 

Prix du comité scientifique

L'observance thérapeutique des patientes bipolaires durant la période périnatale

BURESI A. (1,2), BELZEAUX R. (2,3)
(1) CH CASTELLUCCIO, Ajaccio, FRANCE; (2) CHU Sainte Marguerite Marseille, Marseille, FRANCE; (3) CHU Montpellier, Montpellier, FRANCE

Introduction

Le trouble bipolaire  est une maladie chronique et invalidante. Son pronostic est largement conditionné par l'observance du traitement. La grossesse et le post-partum sont considérées comme des périodes de grande vulnérabilité avec un  risque de rechutes élevé. D'après la littérature, aucune étude n'a examiné l'observance du traitement dans cette population.
L'objectif de cette étude était de comparer l'observance thérapeutique au traitement parmi trois groupes de patientes bipolaires : dans la période post-partum, pendant une grossesse planifiée et en dehors de la période périnatale.  Comme objectif secondaire, nous avons comparé l'obervance intentionnelle et non intentionnelle parmi ces trois groupes de patientes, ainsi que les dimensions de l'observance liées aux comportements, aux attitudes et à la tolérance. Nous avons également étudié les préoccupations et le besoin perçu vis à vis du traitement, ainsi que la présence de facteurs de confusion potentiels.

Méthode

Il s'agit d'une étude post hoc réalisée à partir d'un protocole de recherche intitulé "Représentations du trouble bipolaire chez les patients", descriptif, mono-centrique et ouvert. Elle est enregistrée dans clinical trial au numéro NCT03595670.
Les patientes ayant un diagnostic de trouble bipolaire établi par un psychiatre, ayant un projet de grossesse, enceintes ou ayant accouché depuis moins d'un an, et leurs témoins appariés en âge ont été inclues dans cette analyse. Tous les patients sont recrutés au sein du centre expert des troubles bipolaires du CHU de Marseille entre avril 2018 et mai 2021. Des questionnaires standardisés et validés tels que le MARS, le BMQ et le HADS ont été utilisés.

Résultats

112 patients ont participé à l'étude "Représentations du trouble bipolaire chez les patients". Après exclusion des hommes, des femmes de plus de 50 ans et des femmes n'ayant pas répondu au questionnaire sur les antécédents gynéco-obstétricaux, 46 patientes ayant un diagnostic de trouble bipolaire ont été inclues dans notre étude. Parmi elles, 12 patientes avaient un projet de grossesse dans l'année, 3 patientes étaient enceintes au moment de l'inclusion, 8 patientes avaient accouché dans l'année, et 23 patientes constituaient le groupe "contrôle". Les caractéristiques de la population étaient similaires. Notre hypothèse principale a été en partie confirmée puisque l'observance du traitement diminue dans le post-partum, et plus précisément l'observance intentionnelle et les dimensions liées aux comportements et attitudes.

Conclusion

La période du post-partum est associée à une faible observance dans le trouble bipolaire. La mise en place d'une éducation thérapeutique spécifique pour les patientes et la promotion d'une décision médicale partagée dès le projet de grossesse pourraient  être proposées afin de renforcer leur motivation.

 

 

Prix du Poster

Enjeux de la liste d'attente en PEA : apport de la thérapie multifamiliale

DROULIN H. (1), TAN C. (1), POMMEPUY N. (1)
(1) Pôle de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent 93i05 EPS de Ville Evrard, Neuilly sur Marne, FRANCE

Introduction

La démographie des pédopsychiatres  baisse (-34% entre 2010 et 2022)1 alors que la demande augmente, dans un contexte de prévalence forte des troubles externalisés2.

La file active des CMP de notre secteur a progressé de 10% en 5 ans3. Les troubles externalisés en représentent 22%.
La thérapie Multifamiliale (TMF) est une approche reconnue dans la prise en charge des troubles psychiatriques de l'enfant4, qui rassemble entre 6 et 10 familles dans un même dispositif thérapeutique. Elle permet aux familles de : partager leurs difficultés, comparer les expériences, apprendre les unes des autres, se soutenir mutuellement, observer et modifier les patterns interactionnels bloqués, développer et partager de nouvelles stratégies. Notre service étant engagé depuis 2018 dans sa mise en œuvre, une expérimentation fut mise en place dans l’un de nos CMP.

Méthode

CMP cible: 560 patients en 2022, dont 24,1% admis au cours de l’année. En dehors des enfants au profil TSA (44%), le diagnostic de trouble externalisé (TC, TOP, TDAH) arrive en 2e position (18%).
Le programme de soin expérimental comprenait 8 séances hebdomadaires de TMF. Des ateliers thématiques expérientiels, assortis de temps réflexifs portaient sur les interactions sociales et l’inclusion scolaire, l’attention et les apprentissages, la gestion du quotidien et des troubles du comportement.
Critères d’inclusion : enfant entre 8 et 12 ans, avec un diagnostic de trouble externalisé, dont les parents acceptent de participer à la TMF. La présence d’au moins 1 parent était requise.
Evaluation du groupe pilote : entretiens individuels avec chacune des familles.

Résultats

A l’issue du processus de sélection (cf. flowchart), 11 familles ont été incluses.
Enfants de 10,4 (écart-type=1,93) ans, scolarisés du CE2 à la 5ème.  54% avec des comorbidités dont 66% était un trouble spécifique des apprentissages. Les troubles évoluaient depuis 3,6 (écart-type=1,34) ans. Couple parental uni (36%) ou séparé (54%). Age moyen des parents : 39 (écart-type 6,7) ans, 72% ont une activité professionnelle.
8 séances menées avec 100% d’observance. A l’issue de la TMF, l’analyse qualitative a relevé : une amélioration du sentiment de compétence parentale, une diminution des tensions intrafamiliales, une meilleure adhésion au traitement par MPH, la création d’un réseau social d’entre aide.

Conclusion

La TMF apparaît comme prometteuse dans la prise en charge de première ligne des troubles externalisés des enfants d’âge scolaire. Son acceptabilité par les familles est satisfaisante et les familles rapportent des effets positifs. Une réplication avec des évaluations pré- et post-traitement est nécessaire.

  1. Rapport de la Cour des Comptes sur la PEA?; mars 2023
  2. Résultats préliminaires de l’étude ENABEE?; sept 23
  3. Données DIM, EPSVE, 2022
  4. Gelin, Cook-Darzens & Hendrick, The evidence base for Multiple Family Therapy in psychiatric disorders: a review (part 1) . Journal of Family Therapy 2017; 

 

 

Prix des internes

Les endocannabinoides au cours du premier épisode psychotique

Bergaoui E. (1), Lansari R. (1), Chehaider O. (1), Larnaout A. (1), Feki M. (2), Melki W. (1)
(1) Hôpital Razi, Manouba, TUNISIE; (2) Hôpital la Rabta, Tunis, TUNISIE

Introduction

Actuellement, nous ne disposons pas de biomarqueur pour le dépistage des troubles psychiatriques. Néanmoins, plusieurs études se sont intéressées au système endocannabinoïde (eCB) vu son rôle neuromodulateur et anti-inflammatoire.
L’objectif de ce travail était de rechercher la présence d'anomalies du système eCB au cours du premier épisode psychotique (PEP).

Méthodes

Il s’agit d’une étude cas-témoins portant sur 50 patients hospitalisés pour un PEP naïfs ou en arrêt de traitement depuis au moins 3 mois et 50 témoins appariés selon le sexe et l’âge. Les patients ont été évalués à l’aide de trois échelles : Positive and Negative Syndrom Scale (PANSS), l’échelle d’évaluation globale du fonctionnement (EGF) et l’échelle Clinical global impression (CGI). Un prélèvement sanguin a été effectué afin de préciser les dosages des eCBs et leur précurseur l’acide arachidonique (AA, omega-6).

Résultats

Le sex-ratio de notre population était de 4 hommes pour 1 femme. La moyenne d’âge était de 25,6±6,16 ans. Environ 60% des patients consommaient du cannabis.
Dans notre étude, le taux d’AA était nettement plus faible chez les patients que chez les témoins (p<0,001). Les taux d’anandamide (AEA), 2-arachidonylglycérol (2-AG) et palmitoyl-éthanolamide (PEA) étaient significativement plus élevés (p<0,05). Les dosages les plus discriminatifs selon les courbes ROC étaient le dosage de l’AEA suivi de l’AA puis le 2-AG. Le risque de psychose était 7 fois plus élevé pour les valeurs supérieures au seuil pour l’AEA, 4 fois plus élevé pour le 2-AG et 2 fois plus élevé pour le PEA. Cependant, le risque de psychose était plus élevé pour les valeurs inférieures au seuil pour l’AA.
Le taux des eCBs n’était pas influencé par la consommation de cannabis. L’élévation du taux des eCBs était indépendante d’une exposition antérieure à des antipsychotiques et de la durée de la psychose non traitée. Les taux d’AA étaient significativement corrélés à l’échelle négative (r=0,247, p=0,04) et de psychopathologie (r=0,346, p=0,023) du PANSS. Les taux du PEA étaient significativement corrélés à l’échelle négative du PANSS (r=-0,341, p=0,025).

Conclusion

Cette étude confirme l’implication du système eCB dans l’émergence des premiers symptômes psychotiques. Le dosage des eCBs pourrait donc constituer une piste diagnostique et thérapeutique.

 

Sommeil et rythmes chez les patients présentant une dépression unipolaire ou bipolaire

Leseur J. (1,3), Boiret C. (2,3), Bazin B. (2,3), Lejoyeux m. (1,2), Geoffroy P. (1,2), Maruani J. (1,2)
(1) Hopital Bichat Claude Bernard , PARIS , FRANCE; (2) GHU Paris Nord , Paris , FRANCE; (3) Université Paris cité , Paris , FRANCE

Introduction

L’un des enjeux actuels réside à mieux distinguer les sous-types d’épisodes dépressifs caractérisés dans le cadre du trouble unipolaire et bipolaire. De nombreuses études ont été menées afin d’identifier des biomarqueurs qui pourraient faciliter cette différenciation en raison de leurs implications cruciales, notamment sur le plan thérapeutique et pronostique. Parmi les biomarqueurs d’intérêt, les marqueurs liés au sommeil et aux rythmes circadiens semblent être particulièrement prometteurs. Néanmoins, jusqu’à présent, aucune étude ne les a comparés simultanément de manière subjective et objective.
L’objectif de notre étude est donc de comparer le sommeil et les rythmes circadiens chez les patients présentant un épisode dépressif caractérisé unipolaire et bipolaire à la fois de manière subjective et objective.

Matériels et méthodes

Nous avons évalués le sommeil et les rythmes circadiens de patients présentant un épisode dépressif caractérisé unipolaire (n=72) et bipolaire (n=43) de manière subjective (à l’aide d’un entretien psychiatrique et d’auto-questionnaires) et de manière objective (à l’aide d’une montre d’actimétrie portée pendant 14 jours).

Résultats

Les patients souffrant d’un épisode dépressif caractérisé unipolaire avaient une qualité de sommeil plus médiocre ( PSQI- qualité subjective du sommeil, p=0,004), souffraient d’avantage d'insomnie (90.3% versus 65.0%, p=0.001) ayant notamment une latence d’endormissement subjective plus importante (PSQI-latence d’endormissement, p<0.001) et une efficacité de sommeil subjective et objective moins élevée (PSQI-efficacité du sommeil, p=0.008 ; actimétrie- 80.8% versus 84.9%, p=0.015) comparativement aux patients souffrant d’un épisode dépressif caractérisé bipolaire. D’autre part, les patients souffrant d’épisode dépressif caractérisé bipolaire présentaient plus d’hypersomnie (42.5% versus 19.4% p=0.009) ce qui était renforcé par un temps total de sommeil allongé en actimétrie (07:52:15 versus 07:05:30 p=0.054 et p=0.034 ajusté sur l’âge) ainsi qu’un ralentissement moteur (L5 moyen, p=0,003; M10 moyen, p=0,006) par rapport aux patients présentant un épisode dépressif caractérisé unipolaire.

Conclusion

Cette étude nous a permis d’identifier plusieurs marqueurs états dans les troubles du sommeil et des rythmes spécifiques de chacun des sous-groupes d’épisodes dépressifs caractérisés dans le cadre d’un trouble unipolaire et bipolaire. Les patients atteints de dépression unipolaire éprouvent d’avantage d’insomnie, avec une moins bonne efficacité du sommeil. En revanche, les patients atteints de dépression bipolaire présentent davantage d’hypersomnie et de ralentissement psychomoteur comparés aux patients atteints de dépression unipolaire. Ces résultats sont d’une importance cruciale pour la distinction plus précise des troubles dépressifs unipolaire et bipolaire et ils permettront de développer des stratégies thérapeutiques recommandées et personnalisées.

 

 

Prix des start-up en santé mentale

Prix du public : TraumaCare

 

Prix du comité scientifique : Rest-therapeutics

Tous les travaux de recherche du Congrès 2024

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