Dès le mois d’avril et au-delà de l’anosmie-agueusie, les soignants ont repéré que le coronavirus pouvait entraîner des symptômes neuropsychiatriques tels qu’une confusion, des troubles de la conscience, des mouvements anormaux ou encore des encéphalites.
Une récente étude publiée dans le Lancet Psychiatry (1) ajoute qu’un patient sur cinq développe un trouble psychiatrique dans les trois mois qui suivent l’infection à COVID-19. Des chiffres significativement plus importants que ceux observés au décours d’autres affections comme la grippe ou une fracture.
Trouble anxieux, dépression, insomnie et même entrée dans la démence pourraient être des conséquences du vécu de la maladie mais aussi du neurotropisme du virus et de la tempête cytokinique de la réponse immunitaire à l’infection.
D’après une étude publiée dans Brain Communications (2), des troubles cognitifs légers pourraient aussi persister après l’infection, y compris chez les jeunes. Par ailleurs, plusieurs patients constatent a posteriori qu’ils ont minimisé ou présenté une forme de déni par rapport à l’infection, entrainant parfois un retard diagnostique ou des comportements à risque.
Plusieurs leçons pourraient être tirées de ces données. Tout d’abord, si la piste inflammatoire est confirmée, ce serait un exemple supplémentaire du lien entre inflammation et troubles psychiatriques qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles thérapeutiques immunomodulatrices. Et, sans nécessairement prôner le dépistage à grande échelle, l’anosognosie nous invite à encourager la pratique de tests même devant des signes mineurs et à en multiplier les modalités afin d’en faciliter l’accès aux citoyens.
Lucie Berkovitch
Cheffe de clinique au GHU Psychiatrie et Neurosciences
Tout le dossier Covid et santé mentale
Ce contenu vous est proposé avec le soutien institutionnel de Janssen