Oubli pur et simple de distribution de masques et de gel hydro-alcoolique dans beaucoup de services de psychiatrie en début de crise, ceux-ci ont dû rapidement se réorganiser.
Sorties de patients à peine stabilisés, limitation voire interdictions de visites et de permissions à l’hôpital, organisation de soins pour les patients infectés par le Covid, parfois fragiles somatiquement, ont été mis en œuvre.
De même, des téléconsultations ont été instaurées pour permettre le suivi en ambulatoire alors que beaucoup de structures avaient fermé. Certains services ont mis à l’isolement des patients, notamment ceux dont on craignait qu’ils ne respectent pas les gestes barrière.
Le rapport d’analyse (1) sur la crise Covid-19 en psychiatrie du Ministère de la Santé conclut à un « double virage numérique et ambulatoire » et « salue la réactivité et l’inventivité des équipes pour s’adapter à ces circonstances inédites ». Mais force est de constater qu’aucune étude de grande ampleur sur l’incidence de la Covid en milieu psychiatrique n’a été publiée. Seules quelques données diffusées pendant la première vague font état d’un taux de contamination dans les services de psychiatrie bien plus faible parmi les patients que parmi les soignants (3 % versus 12 % au GHU Paris par exemple).
Plusieurs hypothèses ont été proposées : effet protecteur de la nicotine et de certains psychotropes, moindre dépistage, confinement par le repli social... Ces pistes ne sont pas encore confirmées. Si bien qu’actuellement on ne sait pas à quel point les patients sont touchés ni ce qui pourrait les protéger. Une fois hospitalisés pour une forme symptomatique de Covid, les patients avec schizophrénie présenteraient en revanche un surrisque de mortalité (2), là encore sans que l’on en saisisse les raisons.
Alors que l’on s’inquiète d’une troisième vague psychiatrique et que nombre d’études se penchent sur la souffrance psychique des Français, les patients ayant des troubles psychiatriques semblent être les grands oubliés de cette épidémie.
Lucie Berkovitch
Cheffe de clinique au GHU Psychiatrie et Neurosciences
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