- Certaines personnalités sont plus à risque comme les anxieux ou ceux avec des antécédents de dépression. Le névrosisme (propension à développer des affects négatifs) serait prédictif de l’épuisement professionnel1. Des troubles de la personnalité sont possibles dont ceux de type narcissique qui sont classiquement associés à un paradoxal manque d’estime de soi2.
- On peut citer aussi ceux dont l’esprit d’entreprise est poussé à outrance ou avec un besoin de compétition1, ceux qui veulent plaire à tout le monde, ceux dans l’autocritique permanente, les perfectionnistes, ceux qui n’arrivent pas à faire confiance aux autres ou qui présentent une instabilité émotionnelle. La mentalité de sauveur peut conduire au burnout. L’altruisme pourrait dissimuler dans certains cas un besoin de réassurance. On a aussi invoqué une propension à l’hyperactivité et à l’addiction au travail (« workaholisme »)3.
- Les difficultés personnelles et les conflits familiaux favorisent eux aussi les situations de burnout en accentuant la vulnérabilité du salarié1.
- Les effets de l’âge et de l’expérience varient selon les études. On retiendra tout de même que le sexe féminin, les personnes plus âgées et plus diplômées sont considérées comme plus sensibles à l’épuisement professionnel. On a pu définir des tempéraments à risque en fonction du sexe : sensibles, renfermées et manquant d’assurance chez la femme, consciencieux, orgueilleux ou introvertis chez l’homme. Le célibat ou la séparation augmenterait le risque chez ces derniers3.
- Certains semblent assujettis à une répétition des stratégies abusives ou d’exploitation vécues dans l’enfance. Des traumatismes divers ou des situations d’abus moraux2 peuvent émailler la biographie des patients victimes de souffrances professionnelles.
- Dans certains cas, de simples comportements jugés anodins viennent fragiliser le salarié : la place trop importante donnée au travail, le manque chronique de sommeil, l’excès de responsabilité, les personnes devenant prisonnières de leurs qualités de leadership3.
Ces facteurs individuels ne sauraient exonérer la responsabilité des facteurs de risques présents dans l’environnement de travail.
Le burnout résulte de la rencontre entre un individu et une situation. L’un et l’autre sont complexes et l’on doit se garder de simplifications abusives. Ce n’est pas simplement la faute à telle ou telle condition de travail, pas plus que ce n’est la faute du salarié. (Claude Veil – 1959)3.
Dr Éric HENSGEN
Centre Hospitalier Rouffach
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Références
- HAS. Fiche mémo « Repérage et prise en charge cliniques du syndrome d’épuisement professionnel ou burn-out ». Mars 2017.
- Delbrouck M. Comment traiter le burn-out. Principes de prise en charge du syndrome d’épuisement professionnel. Deboeck Supérieur 2011.
- Olié JP, Légeron P. « Le burn-out ». Rapport de l’Académie nationale de médecine. Paris, 2016.