Le concept de burnout a été défini initialement par Christina Maslach1 comme une entité propre bien qu’il puisse s’apparenter à des pathologies psychiatriques2 (état dépressif essentiellement, mais aussi trouble de l’adaptation, stress post traumatique) avec lesquelles il partage de nombreux composants.
Les nosographies médicales ne mentionnent pas le burnout2. En effet, le syndrome d’épuisement professionnel n’est pas considéré comme une pathologie dans les classifications de référence3, mais l’OMS dans sa 11ème classification des maladies mentales le reconnait dorénavant comme un « facteur influant sur l’état de santé et les motifs de recours aux services de santé »4.
Le burnout fait partie des risques psychosociaux, la dépression est une pathologie psychiatrique. Burnout et dépression partagent des caractéristiques communes, non seulement sur les symptômes exprimés, mais aussi au niveau des répercussions fonctionnelles, professionnelles, familiales et sociales.
Certaines études ont montré que des personnes souffrant de burnout ne présentaient pas de syndrome dépressif et, à l’inverse, que des personnes dépressives ne remplissaient pas les critères permettant un repérage de burnout. Les deux syndromes ne sont pas exclusifs l’un de l’autre et ils peuvent coexister, surtout dans les burnout sévères5.
De fait il n’y a pas de frontière nette entre tous ces concepts6. Certains auteurs considèrent le burnout sévère comme une étape intermédiaire dans le développement de la dépression caractérisée5. À l’inverse, une évolution possible des troubles dépressifs vers le burnout est également décrite. Une relation causale circulaire existerait entre les deux phénomènes. On constate généralement une corrélation entre l’intensité du burnout et le niveau de l’état dépressif concomitant avec, par ailleurs, des évolutions symétriques : lorsque le burnout s’aggrave, la maladie dépressive s’accentue, et inversement. Deux critères cardinaux de l’épisode dépressif, à savoir l’humeur effondrée et la diminution marquée de l’intérêt, sont présents dans le burnout, cette diminution marquée de l’intérêt étant spécifiquement focalisée sur le projet professionnel antérieur qui fait l’objet d’un rejet ou d’un désengagement2. Christina Maslach relie aussi le burnout au risque suicidaire, conséquence classique de la dépression7.
Dans une population de soignants en burnout, une équipe française8 a identifié des troubles anxieux ou dépressifs consécutifs au burn-out dans 77,1% des cas.
Le burnout serait-il un concept uniquement théorique ? Pour certains auteurs, il se serait construit comme une « vision psychosociale de la dépression » depuis une quarantaine d’années5.
Ainsi, de nombreuses équipes9 ont investigué à travers des protocoles de recherche robustes les liens qui unissent statistiquement les items des échelles d’évaluation du burnout, à la fois entre eux mais aussi avec ceux de la dépression. Ils aboutissent à la conclusion que la distinction burnout-dépression est artificielle.
Dr Éric HENSGEN
Centre Hospitalier Rouffach
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