Psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique

Le rôle de la mélatonine dans les troubles du sommeil associés au TSA

Mis à jour le jeudi 3 décembre 2020

Régulation des rythmes veille sommeil

Il existe deux types principaux de régulation de l’alternance veille/sommeil : la régulation circadienne (ou processus C) permettant l’adaptation de l’organisme à l’alternance jour/nuit et aux rythmes sociaux, et la régulation homéostatique (ou processus S) permettant d’adapter la qualité et la quantité de sommeil à la durée de la veille qui l’a précédée (Figure). La régulation circadienne correspond à la modulation de l’état d’éveil sur le nycthémère et est liée à l’état d’activation du noyau suprachiasmatique. La régulation homéostatique est liée à l’accumulation de substances, notamment l’adénosine, promouvant le sommeil et dont le taux augmente en fonction du temps d’éveil. 

 

La mélatonine : un synchroniseur endogène

La mélatonine est une neurohormone hautement conservée au cours de l’évolution, dont la sécrétion dans la glande pinéale est bloquée par la lumière du jour et perturbée par l’exposition à la lumière artificielle, aussi faible que celle apportée par les écrans (Claustrat 2009, Mazurek et al. 2016[B], Crowley et al. 2015). Elle constitue notamment un signal biologique d’obscurité, et permet la transmission de l’information de l’heure du jour et la longueur de la photopériode au cerveau et aux organes périphériques. Elle permet ainsi la synchronisation de l’organisme sur le rythme circadien (Pevet et al. 2011).

  

Anomalies de la sécrétion de mélatonine associées aux TSA

Certains syndromes génétiques ont été associés à des modifications de synthèse de la mélatonine, notamment le syndrome de Smith-Magenis. Par ailleurs plusieurs études ont mis en évidence un défaut de sécrétion de mélatonine chez les sujets présentant un autisme sans syndrome précis (Nir et al 1995, Kulman 2000, Tordjman et al., 2005).

Si les preuves directes d’une association entre sécrétion de mélatonine et troubles du sommeil chez les enfants avec TSA manquent encore, il a été très tôt montré une efficacité de la mélatonine sur l’endormissement chez ces enfants (Paavonen 2003, Garstang et Wallis 2006, et Wasdell et al. 2008, Wright 2010), suggérant fortement un lien direct.

Bien sûr les facteurs environnementaux jouent également un rôle dans l’apparition de troubles du sommeil chez les enfants avec TSA, en aggravant les troubles comportementaux, en ne permettant pas à l’enfant à se calmer, ou en générant de l’anxiété (Blackmer et al. 2016).  

Pr Pauline Chaste
Université de Paris et hôpital Necker

Dossier sommeil et enfant avec TSA

 

Bibliographie

 

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