À l'occasion de son édition digitale 2021, le Congrès de l'Encéphale a décerné plusieurs prix : découvrez les travaux et start-up récompensés !
COURBET O. (1), SLAMA H. (2,4), PURPER-OUAKIL D. (3), MASSAT I. (2,4), VILLEMONTEIX T. (1)
(1) Université Paris 8, Paris, FRANCE;
(2) Université libre de Bruxelles, Bruxelles, BELGIQUE;
(3) CHU Montpellier, Montpellier, FRANCE;
(4) Hôpital Erasmus, Bruxelles, BELGIQUE
Introduction : Deux-tiers des enfants atteints de Trouble Déficit de l’Attention / Hyperactivité (TDAH) présentent une irritabilité significative. Dans le DSM-V, les formes extrêmes d’irritabilité sont capturées par le nouveau diagnostic de Trouble Disruptif de Dysrégulation émotionnelle (TDDE), mais ce diagnostic nécessite que les manifestations d’irritabilité soient présentes dans plusieurs contextes (à l’école, dans la famille, avec les pairs). Or, la clinique du TDAH suggère que de nombreux enfants présentent des formes d’irritabilité sévères restreintes au contexte familial. Cependant, la prévalence, la stabilité temporelle et les corrélats de l’irritabilité restreinte au contexte familial dans le TDAH sont actuellement inconnus. L’étude longitudinale présentée ici avait donc pour objectif d’explorer la prévalence et la stabilité temporelle de l’irritabilité restreinte au contexte familial (ou irritabilité familiale) comparée à l’irritabilité multi-contextuelle, ainsi que la prévalence et la stabilité du TDDE restreint au milieu familial (ou « TDDE familial ») comparé au TDDE multi-contextuel. Les liens spécifiques entre le type d’expression de l’irritabilité (familiale /vs/ multi-contextuelle) et certains facteurs tels que les pratiques parentales dysfonctionnelles et les problèmes de sommeil ont également été étudiés.
Méthode : 170 enfants avec TDAH âgés de 6 à 11 ans ont été inclus dans cette étude. Un entretien semi-structuré ainsi qu’une série de questionnaires ont été délivré aux parents lors de l’inclusion puis 1 an après, afin d’évaluer l’irritabilité et les problèmes de sommeil de l’enfant ainsi que les pratiques parentales.
Résultats : cette étude suggère que l’irritabilité, indépendamment du contexte, est associée à des pratiques parentales dysfonctionnelles. Cependant aucun lien entre irritabilité et problèmes de sommeil n’a été retrouvé. Les pratiques parentales et les problèmes de sommeil ne diffèrent pas selon le type d’expression de l’irritabilité (familiale vs. multi-contextuelle). Par ailleurs, l’irritabilité familiale est aussi fréquente et stable dans le temps que l’irritabilité multi-contextuelle, et le TDDE familial est aussi fréquent et stable dans le temps que le TDDE multi-contextuel.
Conclusion : les facteurs associés à l’irritabilité familiale dans le TDAH restent pour l’instant inconnus. Les formes sévères d’irritabilité familiale (TDDE familial) semblent être aussi fréquentes et stables que les formes sévères d’irritabilité multi-contextuelles capturées actuellement par le diagnostic de TDDE : cependant, elles ne sont actuellement pas prises en compte par cette entité diagnostique. Un élargissement des critères de cette entité, ou une prise en compte dimensionnelle de l’irritabilité dans le TDAH sont proposés.
DOOLUB D. (1,2), VIBERT N. (2), BOTTA F. (1), MILLET B. (3), HARIKA-GERMANEAU G. (1), JAAFARI N. (1,4)
(1) Unité de Recherche Clinique Pierre Deniker du Centre Hospitalier Henri Laborit, Poitiers, France.
(2) Centre de Recherches sur la Cognition et l’Apprentissage; CNRS; Université de Poitiers; Université de Tours; France.
(3) Institut du Cerveau et de la Moelle, UMR 7225 CNRS, INSERM, Sorbonne Université et Département de Psychiatrie Adulte, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris, France.
(4) Laboratoire de Neurosciences Expérimentales et Cliniques, INSERM U 1084, Université de Poitiers; INSERM CIC-P 1402; CHU de Poitiers; France.
Introduction : Dans le trouble obsessionnel-compulsif (TOC), l’anxiété induite par les obsessions et/ou les compulsions est invalidante. Environ 50% des patients atteints sont résistants aux traitements. L'étiopathogénie du TOC et les facteurs qui déterminent la résistance des patients aux traitements restent mal connus. Plusieurs études associant la psychiatrie à la psychologie cognitive ont montré des altérations des capacités cognitives des patients, notamment des fonctions exécutives de régulation des comportements. Les modèles psychologiques identifient parmi les fonctions exécutives quatre composantes principales : la mise à jour de la mémoire de travail, la flexibilité mentale, l’inhibition des réponses automatiques et l’inhibition des informations non pertinentes. Dans cette étude, nous avons étudié les liens entre ces composantes exécutives et la résistance aux traitements des patients, la sévérité de leur pathologie, et leurs signes neurologiques mineurs (SNM).
Méthode : Soixante-six patients atteints de TOC suivis depuis 1 à 30 ans ont réalisé des tests évaluant les différentes composantes de leurs fonctions exécutives, leur mémoire de travail, et leurs SNM. Les fonctions exécutives de 36 de ces patients ont été comparées avec celle de participants contrôles appariés en âge, sexe et niveau d’éducation. Différentes analyses statistiques, incluant des régressions multivariées, ont testé les liens entre ces scores et deux échelles qui évaluent la résistance aux traitements des patients, la première selon les améliorations cliniques obtenues et la deuxième selon les traitements testés antérieurement et restés inefficaces.
Résultats : 75% des patients ont été classés comme résistants aux traitements. Parmi les composantes exécutives, seule la capacité des patients à inhiber les réponses automatiques, évaluée par le test de Stroop, prédisait la résistance aux traitements : plus les capacités d’inhibition des patients étaient faibles, plus ils étaient résistants (β = -.41, p = .001). Indépendamment de la sévérité de la pathologie, les patients présentaient des déficits modérés de plusieurs fonctions exécutives comme la flexibilité mentale (t(35) = 1.67, p = 0.05) et de leur mémoire de travail visuo-spatiale (t(29) = -1.94, p < 0.05) par rapport aux participants contrôles. Cependant, les données suggèrent qu'une partie de ces déficits pourrait être due à la propension des patients à toujours vérifier ce qu'ils font plutôt qu'à une véritable altération de leurs capacités exécutives. Enfin, contrairement à la résistance aux traitements, la présence de SNM chez les patients était fortement corrélée à des performances inférieures dans presque tous les tests exécutifs.
Conclusion : Ces résultats, à confirmer, suggèrent que le test de Stroop pourrait être utilisé en contexte clinique pour anticiper le niveau de résistance aux traitements des patients à traiter et adapter d’emblée les traitements administrés en première intention.
SBAI M. (1), OURAGHENE A. (1), BOUT A. (1), AARAB C. (1), AALOUANE R. (1)
(1) Service de Psychiatrie, CHU HASSAN II, Fès, MAROC
Introduction : Le trouble d’usage de substances pèse lourdement sur les individus, les systèmes de santé et les sociétés. L’addiction constitue toujours un défi thérapeutique majeur et son origine reste très mal élucidée.
Les objectifs de notre étude se situent sur divers axes :
Méthodes : Il s’agit d’une étude transversale menée au centre d’addictologie du CHU HASSAN II de Fès, réalisée en 2019.
Le recrutement a été réalisé grâce à un échantillonnage de convenance auprès des patients consultants ou hospitalisés ayant le diagnostic de trouble d’usage de substances selon les critères du DSM 5.
Les patients ont répondu volontairement à un questionnaire précisant les données suivantes : données sociodémographiques, données concernant les antécédents médico-chirurgicaux, psychiatriques et juridiques et données sur l’addiction aux substances.
Nous avons utilisé les échelles psychométriques de l’alexithymie et de la personnalité : nous avons fait passer aux sujets la version française du questionnaire TAS-20 sur l’alexithymie et la version française du questionnaire PDQ-4+ sur les troubles de personnalité.
Résultats : Nous avons recruté 54 patients, exclusivement de sexe masculin. La moyenne d’âge constatée dans notre échantillon est de 27.07±8.22. 55% ont au moins un trouble psychiatrique soit actuellement comorbide à l’addiction ou bien faisant partie des antécédents. Les patients ont débuté la consommation de substances psycho actives en moyennes aux alentours de 15 ans (15.7±2.93). Le cannabis est la substance la plus usée (78%).
Les patients alexithymiques ; ayant obtenu un score au TAS-20 supérieur ou égal à 61, constituent 48% de l’échantillon. Nous avons objectivé une association significative entre l’alexithymie et la sévérité du trouble d’usage de substances (p=0.033). 89% ont au moins un trouble spécifique de la personnalité.
Nos résultats montrent une association significative entre la présence d’un trouble de personnalité spécifique et l’existence d’un trouble grave de l’usage de substances psycho actives (p=0.01). L’alexithymie semble s’associer significativement aux troubles de personnalité du cluster A (p=0.013) et plus spécifiquement au trouble de personnalité paranoïde (p=0.022).
D’après notre étude, la prévalence de l’alexithymie et des troubles de la personnalité chez les patients suivis pour trouble d’usage de substances psychoactives serait importante. Nos résultats suggèrent également l’existence d’un lien entre l’alexithymie et le trouble de personnalité d’une part, et la sévérité du trouble d’usage de substances d’autre part.
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(P-007) État des lieux de la prise en charge des troubles sexuels au sein d’unités psychiatriques hospitalières
RIANT M. (1), NAUCZYCIEL C. (1), GADOULLET J. (1), VOIRY C. (2), ROBERT G. (1), NAUDET F. (2), DRAPIER D. (1)
(1) CHGR Rennes, FRANCE
(2) CHU Rennes, FRANCE
Introduction : La sexualité est un facteur majeur de qualité de vie et un enjeu de santé publique. En psychiatrie, la prévalence des troubles sexuels est majorée comparée à la population générale et peut avoir un impact sur la prise en charge des troubles psychiatriques.
Objectif : Réaliser un état des lieux du dépistage des troubles sexuels des patients lors de leur hospitalisation, leurs prises en charge et d’évaluer la conscience des psychiatres de leur présence, leur importance.
Méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective observationnelle descriptive sur données existantes conduite au Centre Hospitalier Guillaume Regnier. Les psychiatres exerçant au sein du CHGR ainsi que tous les internes de Psychiatrie ont reçu via leur adresse mail professionnelle un lien vers un questionnaire anonyme en ligne. 56 réponses ont été récoltées.
Résultats : Sur 577 dossiers analysés, on retrouve une trace écrite d’un questionnement du psychiatre par rapport à d’éventuels troubles sexuels sur 74 dossiers soit 12,8% des dossiers étudiés, dont 66 retrouvant un trouble sexuel soit 11,4%. Le sexe, l’âge et le statut marital représentaient des facteurs significatifs dans le dépistage de troubles sexuels. Sur les 66 troubles sexuels dépistés, 68,2% ont bénéficié d’une prise en charge soit 45 patients. Sur l’échantillon total, cela représente 7,8% des patients. Le questionnaire envoyé aux psychiatres du CHGR a permis de recueillir 56 réponses, dont la moitié sont des praticiens hospitaliers. Plus de 90% d’entre eux trouvait que la question de sexualité a de l’importance dans la prise en charge des patients.
Discussion : Il s’agit de la première étude à investiguer le dépistage de troubles sexuels et leur prise en charge de patients hospitalisés dans des services psychiatriques permettant d’avoir une perspective de l’abord des dysfonctions sexuelles au sein d’unités d’hospitalisation. Concernant les limites, la prévalence de troubles sexuels et la diversité des prises en charge ne permettait pas de conclure de manière significative sur d’éventuels biais dans le traitement de troubles sexuels. De plus, les résultats sont dépendants de la tenue des dossiers et l’accessibilité des informations. Le questionnaire présentait un biais de déclaration.
Conclusion : Cette étude a permis de mettre en évidence un manque de prise en charge de troubles sexuels avec un déficit de diagnostic médiée par l’âge, le genre et le statut relationnel des patients au sein de services universitaires de psychiatrie. Suite aux questionnaires distribués aux psychiatres exerçant au sein de l’établissement, nous avons pu observer une certaine disparité dans le recueil de données sexologiques, la retranscription de celles-ci selon différents critères. Les freins observés mettent en avant un manque de connaissances en matière de santé sexuelle ne permettant pas d’offrir l’information et le dépistage au patient.