Psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique

Qu'est-ce qui est "essentiel" en matière de psychopharmacologie au 21e siècle post-COVID ?

Publié le lundi 30 mai 2022

Compte rendu de session sur le thème de la psychopharmacologie essentielle au Congrès de l'American Psychiatric Association 2022 (Nouvelle-Orléans, USA, 21-25 mai 2022), proposé par Maud Rotharmel.

Dans cette présentation à l’américaine, sorte de grand show où le Pr Stephen Michael Stahl feint d’arriver en hélicoptère, après un saut en parachute, il interroge, avec beaucoup d’humour et d’autodérision sur ce qu’est la psychopharmacologie "essentielle".

Avec environ 200 médicaments psychotropes pour traiter 157 troubles du DSM-5 ayant collectivement 79 profils de symptômes, la psychopharmacologie cible traditionnellement les symptômes d'un individu atteint d'un trouble donné. Le même symptôme peut se retrouver dans diverses pathologies et peut répondre au même traitement.

Les nouvelles molécules ciblent davantage des circuits neuronaux et des dimensions. Par exemple, le cortex préfrontal moteur sera la cible des symptômes hyperactifs ou encore le cortex préfrontal dorsolatéral celle de l’attention soutenue ou de la résolution de problèmes.
Différentes régions cérébrales seraient donc impliquées dans la survenue de la dépression.

Un autre exemple est le circuit de la psychose où après 70 ans d’utilisation des antagonistes des récepteurs dopaminergiques D2, une meilleure compréhension de ce circuit conduit à développer de nouvelles molécules pour diminuer la libération de dopamine sans bloquer les récepteurs D2 : les antagonistes 5HT2A, les agonistes muscariniques M1/M4 ou encore les agonistes TAAR1 (Trace Amine-Associated Receptor 1 comme l’Ulotranant, actuellement en phase 3).

Une nouvelle approche en pharmacologie est l’utilisation des thérapeutiques ciblant la neuroplasticité comme la kétamine/eskétamine/psilocybine pour les pathologies pharmacorésistantes. La question reste pour l‘instant irrésolue si ces molécules doivent entraîner une altération de la conscience pour être efficaces. 

Enfin, le Pr Stahl a rappelé que si ces nouvelles approches n’étaient pas si récentes, combinées au raisonnement neurobiologique et à la sérendipité, elles restaient des cibles de choix pour le futur.

Et comme ce grand professeur adore danser et transmettre, il a réalisé un certain nombre de vidéos disponibles sur You Tube qui nous font appréhender la psychopharmacologie très différemment… 

Dr Maud Rotharmel
Centre Hospitalier du Rouvray, Rouen

Pour aller plus loin :

 

Dossier Congrès APA 2022

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