C’est par une narration s’inscrivant dans la durée, comme le permettent aujourd’hui les séries télévisées, que nous avons pu habiter, ou presque, ce haut lieu de la culture américaine qu’est la Nouvelle Orléans. Dans une ville dévastée par l’ouragan Katrina, la série Treme nous a offert une galerie de portraits visités par la musique et les métissages.
Au lendemain d’une pandémie dont nous ne savons pas même dire si elle perdure, il n’est pas anodin que ce soit dans cette même ville que l’American Psychiatric Association tienne son congrès annuel.
Il n’est plus question de dire pour le monde entier l’alpha et l’omega de la psychiatrie, il est question d’en représenter les différents courants, d’en enrichir les débats, d’en révéler la complexité, et d’en ressentir les rythmes, de l’arythmie au jazz.
Nous bénéficions de la présence sur place de deux psychiatres ayant le goût de cet ailleurs et le désir de nous le faire partager, Maud Rotharmel et Anne-Cécile Petit. Tout au long de cette édition 2022 de l’APA, nous pourrons compter sur cette énergie venue d’outre-Atlantique pour questionner notre pratique actuelle de la psychiatrie et son futur.
Dans cette première partie, vous pourrez entendre David Yaden nous parler des psychothérapies augmentées par les psychédéliques, ce formidable renouveau d’une culture dont trop longtemps la psychiatrie a été laissée orpheline quand la littérature et les arts avaient su en animer la transmission. Nous pourrons débattre de l’évolution du DSM, autour notamment de l’entité nosographique de « deuil prolongé » (en gardant en tête que la définition d’une entité nosographique est bien souvent la condition de l’accès aux soins de personnes en souffrance), ou encore du deuil à faire d’une appellation que nous devons à Delay et Deniker, celle de la classe des « neuroleptiques ».
Bonne lecture à tous,
Raphaël Gaillard
Président du Comité Scientifique de l'Encéphale