Si les dernières années ont été marquées par une forte augmentation de la prévalence des épisodes dépressifs caractérisés chez les adolescents et jeunes adultes (1), les « seniors » ne semblent pas avoir été épargnés par cette tendance. La prévalence de la dépression dans la tranche d’âge des 65-75 ans a ainsi cheminé en France de 2,9% en 2019, à 5,5% en 2017 puis 6,8% en 2021(2). Pour la quasi totalité de ces 6,8%, il s’agit d’un épisode d’intensité modéré à sévère (2).
Ces épisodes dépressifs du sujet âgé peuvent revêtir certaines particularités cliniques, comme la prédominance des symptômes somatiques ou de l’atteinte cognitive, et présenter des enjeux propres concernant leur prise en charge. Les challenges qu’ils constituent sont particulièrement d’actualité à l’heure d’un questionnement sociétal sur l’emploi et l’importance de ces années de vie.
Différents mécanismes en jeu dans la dépression, qu’ils soient physiologiques ou inflammatoires, auraient une action délétère sur les fonctions neurotrophiques cérébrales ainsi que sur l’accumulation de radicaux libres menant à une perte neuronale accrue (3,4). De ce fait, les épisodes dépressifs caractérisés pourraient augmenter le risque de démence (5). Traiter les épisodes dépressifs en étant particulièrement attentifs à l’amélioration des symptômes cognitifs paraît donc essentiel concernant cette classe d’âge.
Les études concernant les effets des antidépresseurs « classiques », de type ISRS ou ISRSNa sont contradictoires et peu probantes quant à de possibles effets pro-cognitifs de ces molécules dans la dépression (6,7), ou concernant leur impact sur le risque de développer une démence (8,9). L’utilisation de molécules anciennes, appartenant à la classe des tricycliques ou des IMAO, mais aussi de molécules hors AMM comme certains anti-parkinsoniens, sont souvent nécessaires, mais ne sont pas toujours bien tolérées. Des techniques de stimulations plus ou moins invasives, ECT ou iTBS (protocole intensif de stimulation magnétique transcranienne), semblent participer à la trophicité neuronale mais ne sont pas toujours disponibles, ou facilement acceptées par les patients. Enfin, des traitements pharmacologiques plus récents tels que les modulateurs des récepteurs glutamatergiques et sérotoninergiques apporteraient une réponse plus spécifique concernant les dimensions cognitives de la dépression (10) (11).
Dr Lauriane Delhay
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