Psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique

Quel visage de la dépression après la levée des masques anti-Covid ?

Mis à jour le lundi 19 juin 2023

L’Organisation Mondiale de la Santé nous rappelait depuis plusieurs années que la santé mentale et notamment la dépression constituaient un des enjeux de santé publique prioritaires au niveau international. Est venu le temps du coronavirus et les priorités ont drastiquement changé… À l’heure de la fin du port du masque obligatoire dans les derniers lieux qui l’imposaient, la période est propice à réaliser un bilan de l’évolution de la dépression durant ces dernières années.

Ce bouleversement planétaire n’a pas été sans retentissement psychique et s’est accompagné d’une augmentation de la prévalence des épisodes dépressifs caractérisés. Rapidement, dès mai 2020, la France a connu une élévation de 2,5 points de la prévalence des épisodes dépressifs caractérisés par rapport à 2019, avec un pic pendant les situations inédites de confinement (entre 18% et 20%, diminuant ensuite). Laisser passer l’effroi et quelques mois n’a pas permis d’échapper à cette tendance devenant un mouvement de fond, avec une stagnation des taux observés autour de 17% depuis la fin de l’année 2022.

Si la dépression a donc continué de gagner du terrain durant la pandémie, son visage a quelque peu changé. Les jeunes et les femmes sont plus touchés, et les symptômes rapportés sont différents. Près d’un quart des 15-24 ans présente un épisode dépressif caractérisé durant le confinement, un chiffre multiplié par plus de 5 par rapport à 2014. Les classes d’âge supérieures, de 25 à 44 ans, voient, elles aussi, les états dépressifs augmenter significativement mais de façon moins inquiétante. Les femmes sont également toujours plus touchées (12,5% 2019, 15,8% en mai 2020, et plus récemment, fin décembre 2022, 18,8%).

La dépression de l’ère du coronavirus semble moins ralentie, moins fatiguée et moins marquée par l’auto-dévalorisation qu’auparavant. Elle voit augmenter les troubles du sommeil (symptômes rapportés par 50,8% de la population concernée en mai 2020 vs 48,7% en 2019), l’anhédonie (39,7% vs 32,4%) ainsi que les troubles de la concentration (23,7% vs 19,2%).

Ces modifications en termes de populations et de symptomatologie impliquent une adaptation de nos pratiques, de nos thérapeutiques, et de notre offre de soins, afin de faire face efficacement et durablement aux nouveaux visages de la dépression.

Dr Lauriane Delhay

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Données issues des études EpiCov (Inserm-DREES, vague 1, mai 2020), et de l’étude Coviprev, par Santé publique France.

 

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