Le sommeil est souvent résumé à une suspension de la conscience, mais cette session met en lumière toute la complexité de ses mécanismes.
Aurélie Stephan (Université de Lausanne) a exploré la perception de la veille dans le sommeil, notamment chez les insomniaques et les bons dormeurs. Ses recherches mettent en évidence que :
Les corrélats EEG de cette perception incluent des activités sigma et bêta rapides, en fronto-central, pouvant témoigner d'une vigilance persistante. Cette activité est plus diffuse chez les insomniaques, traduisant une perturbation dans les mécanismes de transition entre les états de veille et de sommeil (Stephan et al., 2021).
Une perspective intrigante émerge : cette activité pourrait refléter un système de vigilance intégré dans le sommeil humain. Des études récentes (Cataldi, 2022) ont montré que l'activité EEG rapide précède les éveils spontanés et les épisodes de parasomnie, suggérant un rôle clé dans la régulation de la vigilance nocturne.
Thomas Andrillon (ICM, Paris) a présenté des avancées dans le diagnostic des insomnies via des analyses approfondies des polysomnographies (PSG). Il distingue deux sous-types d’insomniaques :
Les analyses spectrales révèlent que les insomniaques, toutes catégories confondues, présentent une augmentation des fréquences rapides (alpha, bêta) et une diminution des oscillations lentes (delta), témoins d’une excitabilité corticale accrue (Andrillon et al., Sleep Medicine, 2021)
Des outils comme l’apprentissage automatique permettent aujourd’hui de dépasser les limitations des analyses classiques. Ils mettent en évidence des intrusions de veille pendant le sommeil et des variations dans la stabilité des états, offrant une meilleure compréhension des dynamiques complexes de l'insomnie.
Geoffroy Solelhac (CHUV, Lausanne) a souligné l’importance de considérer la perception subjective du sommeil dans la prise en charge des insomnies :
Par ailleurs, dans le cas de comorbidités comme le SAOS, des résultats récents (Solelhac, 2023) indiquent que la CPAP peut réduire les symptômes d'insomnie en améliorant la perception du sommeil total.
Les avancées exposées lors de cette session mettent en lumière la complexité du sommeil et des insomnies. Les intervenants (Andrillon) proposent que plutôt que de parler de « mauvaises perceptions », il serait plus pertinent d’évoquer des « divergences » entre les mesures objectives et les ressentis des patients. Les approches innovantes, combinant analyses fines des PSG et traitements adaptés, ouvrent de nouvelles perspectives pour répondre aux besoins spécifiques des patients insomniaques.
Compte-rendu d'une session présentée lors du Congrès du Sommeil 2024, Lille 20-22 novembre 2024
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