Outils diagnostiques de l'insomnie chronique

Auteur :
Beatriz Abril

L’insomnie est un trouble du sommeil caractérisé par une difficulté à initier ou maintenir le sommeil, ou par un sommeil non réparateur malgré des conditions favorables. Ce trouble, qui peut être aigu (moins de trois mois) ou chronique (plus de trois mois), affecte la qualité de vie et la santé physique et mentale. Un diagnostic précis est essentiel pour mettre en place une prise en charge adaptée.

Le diagnostic d’insomnie repose avant tout sur un entretien clinique approfondi. Le praticien doit identifier les symptômes principaux (difficulté d’endormissement, réveils nocturnes fréquents ou prolongés, réveil précoce avec incapacité à se rendormir), évaluer les conséquences diurnes (fatigue, troubles de l’humeur, troubles attentionnels), explorer les antécédents personnels et familiaux, les habitudes de sommeil et les facteurs environnementaux et identifier les éventuels facteurs déclenchants ou perpétuant : stress, douleur, pathologies psychiatriques ou organiques.

Les causes secondaires doivent être éliminées :

• Pathologies psychiatriques : dépression, trouble anxieux généralisé, trouble de stress post-traumatique;
• Troubles médicaux : douleurs chroniques, reflux gastro-œsophagien, apnée du sommeil;
• Facteurs environnementaux : bruit, lumière excessive, conditions de vie stressantes;
• Substances : caféine, alcool, certains médicaments.

Les outils comme l’agenda du sommeil, rempli sur une période de trois semaines, idéalement en période d’activité et en vacances, permet de visualiser les habitudes et les irrégularités du sommeil. Cet agenda, qui reflète le ressenti du patient, doit être complété par le patient, sans repère horaire et est à éviter en cas de personnalité obsessionnelle (voir un cas pratique d'agenda du sommeil). Les questionnaires standardisés¹, comme l’Index de Sévérité de l’Insomnie (ISI), apportent des données quantitatives.

Dans la majorité des cas, l’insomnie est diagnostiquée cliniquement sans recours systématique à des examens techniques. Cependant, des examens complémentaires peuvent être indiqués en présence de symptômes atypiques ou pour exclure d’autres troubles :

• L’actimétrie, accéléromètre positionné au niveau du poignet pour évaluer les rythmes veille-sommeil sur plusieurs jours, notamment dans les troubles circadiens.
• La polysomnographie recommandée en cas de suspicion de troubles respiratoires (SAOS), de mouvements périodiques des membres ou en cas d’insomnie chronique réfractaire.

Le diagnostic de l’insomnie repose sur une évaluation clinique rigoureuse, l’utilisation de critères standardisés et, si nécessaire, des examens complémentaires. La distinction entre insomnie avec ou sans comorbidité est cruciale pour orienter la prise en charge. Une détection et un traitement précoces permettent d’éviter les complications à long terme et d’améliorer la qualité de vie des patients.

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Références :

^{1. Vézina-Im, L.-A., Morin, C.M., Turcotte, S. & Desroches, S. (2021). Validation de la version française du Sleep Health Index : l’index sur la santé du sommeil. Médecine du sommeil}