C’est ainsi que Montaigne célèbre l’amitié fulgurante qui le lia à La Boétie de 1558 à 1563, année de la disparition de ce dernier. C’est ainsi que l’amitié impose la force de ses liens, son évidence, sa pérennité. Si l’amour ne dure que trois ans, si l’amour connaît – s’il est encore possible d’y associer ce verbe – tour à tour la félicité, les tourments, la lassitude et l’impossible séparation, l’amitié serait le chemin le plus juste des affinités électives.
Est-ce si simple de séparer le bon grain de l’ivraie, et ici de s’affranchir de l’ivresse de l’amour aux bénéfices de l’amitié ? Ce serait ne pas entendre ce qui lie l’un et l’autre, et ce que l’un et l’autre ont de trouble, marqués par l’ambivalence, la complexité des sentiments, les méandres de l’histoire.
Cherchons plutôt ce qui les associe, en rupture avec l’air du temps, celui de la paranoïa. Cet air du temps, c’est le refus de la complexité du monde, cette détestation de l’altérité, la procustose des temps modernes diagnostiquée par le Dr Mahé, la conjuration des imbéciles, pour reprendre le titre du drolatique roman de John Kennedy Toole. Ce que nous pouvons lui opposer, c’est l’amitié qui nous lie autour de la psychiatrie, qui nous fédère autour de son histoire et de son devenir. Celle qui nous réunira du 18 au 20 janvier 2023 au Congrès de l’Encéphale.
Nulle simplification abusive du monde, celle qui porte en elle les germes du totalitarisme et dont nous instruira Pascal Ory, de l’Académie Française, autour du très beau titre Ce côté obscur du peuple. Nous lui préférons la complexité du monde, la richesse de la psychiatrie, et l’amitié qui nous lie. Nous lui préférons les affaires de famille fêtées avec la chaleur d’Enrico Macias : c’est lui-même qui vous donne rendez-vous au Palais des Congrès.
Le comité scientifique du Congrès de l’Encéphale