Psychiatrie clinique, biologique et thérapeutique

L'Encéphale – Volume 43, fascicule 1

Publié le lundi 20 février 2017

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février 2017

Divers

Editorial board

Éditorial

La dépression post-maniaque : une entité distincte dans le trouble bipolaire ?

Auteurs : M. Masson, C. Henry

Articles de recherche

Predictors of response to repetitive transcranial magnetic stimulation (rTMS) in the treatment of major depressive disorder

Auteurs : G. Beuzon, Q. Timour, M. Saoud

AbstractRepetitive transcranial magnetic stimulation (rTMS), based on the principle of electromagnetic induction, consists of applying series of magnetic impulses to the cerebral cortex so as to modulate neurone activity in a target zone. This technique, still experimental, could prove promising in the field of psychiatry, in particular for the treatment of major depressive disorder. It is important for the clinician to be able to assess the response potential of a given patient to rTMS, and this among other things requires relevant predictive factors to be available. This review of the literature aims to determine and analyse reported predictive factors for therapeutic response to rTMS treatment in major depressive disorder. Different parameters are studied, in particular age, the severity of the depressive episode, psychological dimensions, genetic factors, cerebral blood flows via cerebral imagery, and neuronavigation. The factors found to be associated with better therapeutic response were young age, low level of severity of the depressive episode, motor threshold intensity over 100%, more than 1000 stimulations per session, more than 10 days treatment, L/L genotype on the 5-HTTLPR transporter gene, C/C homozygosity on the promotor regions of the 5-HT1A receptor gene, Val/Val homozygosity on the BDNF gene, cordance analyses by EEG, and finally the accurate localisation provided by neuronavigation. The authors conclude that investigations in larger patient samples are required in the future, and that the work already achieved should provide lines of approach for the coming experimental studies.RésuméLa stimulation magnétique transcrânienne répétée (rTMS), basée sur le principe d’induction électromagnétique, consiste à appliquer des séries d’impulsions magnétiques sur le cortex cérébral afin de moduler l’activité de circuits neuronaux à partir de la zone ciblée. Cette méthode, encore à l’étude, pourrait s’avérer prometteuse en psychiatrie, notamment dans le traitement des épisodes dépressifs majeurs. Il est important pour le clinicien de pouvoir évaluer le potentiel de réponse d’un patient à un traitement par rTMS, et cela passe notamment par la connaissance de facteurs prédictifs pertinents. Ce travail bibliographique vise à déterminer et analyser les facteurs prédictifs de réponse thérapeutique dans le traitement des troubles dépressifs majeurs par rTMS décrits dans la littérature scientifique actuelle. Différents paramètres sont étudiés, à savoir notamment l’âge, la sévérité de l’épisode dépressif, les traits psychologiques, les facteurs génétiques, la neuro-imagerie, la perfusion cérébrale et enfin le recours à la neuronavigation. Sont associés à une meilleure réponse thérapeutique un âge jeune, une faible sévérité de l’épisode dépressif, une intensité supérieure à 90 % du seuil moteur, un nombre de stimulations par session supérieur à 1000, une durée de traitement supérieure à 10jours, un patient porteur des allèles longs (L) du transporteur 5-HTTLPR, porteur de l’homozygotie C/C sur la région promotrice du gène du récepteur 5-HT1A, porteur de l’homozygotie Val/Val sur le gène du BDNF, l’analyse des cordances par électroencéphalogramme, et enfin l’utilisation de la neuronavigation. Les auteurs s’accordent à dire que de futures investigations dans des échantillons de patients plus importants sont nécessaires, et que le travail accompli doit servir de pistes pour les prochaines études expérimentales.

Autoévaluation des attitudes soignantes aux urgences face aux conduites addictives. Étude exploratoire

Auteurs : M. Rica, A. Principe, J.-Y. Le Reste, M. Guillou Landreat

RésuméLa prévalence de personnes consommant des substances psychoactives, dont l’alcool, est plus élevée aux urgences que dans la population générale. Près d’un patient sur 5 admis dans un SAU présente une alcoolémie positive, quel que soit le motif d’admission. Les services d’urgences sont en première ligne pour la prise en charge, le repérage et l’éventuelle orientation des troubles liés à des consommations de substances psychoactives. Nous avons voulu évaluer la perception que les soignants des urgences ont de leurs attitudes thérapeutiques vis-à-vis des conduites addictives et son évolution parallèlement à l’instauration d’une équipe d’addictologie de liaison et les facteurs limitant l’abord de ces questions avec les patients. Notre travail met en évidence une évolution de la perception des soignants entre les deux évaluations, avec une meilleure représentation des potentielles situations d’addiction, mais également une majoration d’impression d’impuissance et de limites, par une probable amélioration du repérage. L’autoévaluation et la formation du personnel sur les conduites addictives sont des axes majeurs de travail au sein des urgences pour favoriser la prise en charge précoce de ces troubles et éviter les consultations itératives dans ces services.

L’insight neurocognitif dans la schizophrénie

Auteurs : S. Potvin, G. Aubin, E. Stip

RésuméConsidérant l’importance des déficits neurocognitifs de la schizophrénie, nous avons effectué une étude sur la cognitive subjective, tenant compte de l’influence de variables cliniques potentiellement confondantes. Quatre-vingt-deux patients atteints de la schizophrénie ont été recrutés, auxquels nous avons administré l’échelle Scale to Investigate Cognition in Schizophrenia, des tâches cognitives de la batterie Cambridge Neuropsychological Tests Automated Battery et le test d’interférence de Stroop. Des analyses multi-variées de régression hiérarchique et linéaire ont été réalisées, ainsi qu’une analyse factorielle. Les résultats ont montré des associations modérées entre la cognitive subjective et objective dans la schizophrénie. Une absence d’adéquation a été observée entre le domaine cognitif atteint et le domaine de la plainte cognitive. En revanche, l’échelle SSTICS s’est avérée avoir une bonne validité interne (analyse factorielle). Enfin, l’évaluation clinique ne s’est pas avérée supérieure à l’auto-évaluation des patients de leurs propres déficits cognitifs. Pris ensemble, ces résultats sont cohérents avec la littérature montrant que la schizophrénie est associée à des déficits métacognitifs. La recherche future devra déterminer dans quelle mesure ces déficits métacognitifs sont spécifiques à la schizophrénie.

Évolution de la prise en charge médicamenteuse de la maladie d’Alzheimer en EHPAD : impact de la campagne médiatique contre les médicaments s...

Auteurs : A.-E. Petit, H. Mangeard, E. Chazard, F. Puisieux

RésuméLa maladie d’Alzheimer est une pathologie dont l’évolution est constamment défavorable et pour laquelle les traitements spécifiques sont sujets à polémique. La commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) a rétrogradé leur service médical rendu en octobre 2011, le considérant comme faible. Notre étude, rétrospective, descriptive, transversale à 3 temps (T0 janvier 2011, T1 octobre 2011 et T2 juin 2012), a été menée au sein de 6 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) de la métropole lilloise et a inclus 262 résidents. Son but était d’évaluer l’évolution de la consommation des traitements spécifiques de la maladie d’Alzheimer, mais aussi l’évolution de la qualité du suivi en consultation mémoire. Notre travail n’a pas montré d’impact majeur de la campagne médiatique contre les médicaments spécifiques de la maladie d’Alzheimer. Il existe néanmoins une tendance à la diminution de leur consommation chez les résidents déments en EHPAD, sans lien évident entre suivi en consultation spécialisée et prescription spécifique. Cette tendance demanderait à être confirmée par une étude de plus grande ampleur.

Traumatismes et résiliences chez les enfants de 3 à 6ans dans trois quartiers de Port-au-Prince après le séisme de 2010 en Haïti

Auteurs : Y. Mouchenik, V. Dauriac-Le Masson, C. Marquer, A. Marty-Chevreuil, R. Georges, D. Derivois, M.-R. Moro

RésuméL’enquête se situe dans trois quartiers populaires de Port-au-Prince en 2011 et 2013.ObjectifsMesurer la situation psychologique des jeunes enfants de 3 à 6ans après le séisme de 2010 en Haïti et étudier son évolution à un an.MéthodeDeux administrations standardisées du questionnaire PSYCa 3-6 soumis aux parents à domicile fin 2011 et début 2013.RésultatsLes garçons sont davantage exposés aux perturbations psychologiques que les filles. La taille et le rang dans la fratrie augmentent le score de perturbation psychologique. Le quartier et la perception de la violence environnementale ont une incidence considérable sur le score de perturbation psychologique. L’amélioration sensible des scores entre la première et la seconde passation met modérément en relief une résilience dont les facteurs principaux sont le support social reçu par la famille, le retour rapide à l’école, la foi et la pratique religieuse.

Amélioration de l’exploration visuelle d’un visage par des enfants avec autisme grâce au ralentissement de la dynamique faciale : une étude...

Auteurs : A. Charrier, C. Tardif, B. Gepner

RésuméDes particularités dans l’exploration visuelle des visages, notamment des yeux et/ou des lèvres, sont caractéristiques des personnes atteintes de troubles du spectre de l’autisme (TSA) et contribuent à expliquer leurs difficultés de communication sociale et/ou verbale. Elles pourraient être en partie liées à la vitesse excessive des informations véhiculées par les visages lors des interactions. Pour tester cette hypothèse, nous avons enregistré, à l’aide d’un oculomètre, chez 23 enfants avec TSA et 29 enfants typiques, les comportements d’exploration visuelle, i.e. le nombre, le temps total et la durée moyenne des fixations visuelles, sur une scène visuelle montrant le visage d’une narratrice racontant une histoire enfantine dans trois vitesses différentes : temps réel (TR), ralentie à 70 % (R70), ralentie à 50 % (R50). Nos principaux résultats indiquent que : les enfants avec TSA regardent moins le visage et la bouche de la narratrice, mais autant ses yeux, que les enfants typiques ; les enfants avec TSA font des fixations visuelles d’une durée moyenne significativement plus longue sur la scène visuelle et particulièrement sur la bouche de la narratrice, en condition R50 comparativement à la vitesse TR ; les enfants ayant un autisme léger passent d’autant plus de temps à explorer le visage de la narratrice, et notamment sa bouche et ses yeux, que la vitesse est ralentie. Ces résultats encourageants confirment que la dynamique faciale est trop rapide pour certains enfants autistes et démontrent que le ralentissement de la dynamique faciale peut stabiliser leur regard sur le visage d’autrui et ses traits internes, qui sont cruciaux pour le développement de la communication verbale et socio-émotionnelle.

Revue de la littérature

Le trouble de l’adaptation et le DSM-5 : une revue de la littérature

Auteurs : A. Appart, A.-K. Lange, I. Sievert, F. Bihain, D. Tordeurs

RésuméLe trouble de l’adaptation est considéré comme un trouble secondaire et invisible selon certains cliniciens. La méconnaissance de la symptomatologie, sa proximité avec le syndrome dépressif ou anxieux et le diagnostic d’exclusion évoqué au sein du DSM-IV permettent d’expliquer ce relatif désintérêt de la part des médecins. Cet article vise, d’une part, à rendre compte des spécificités de ce trouble après avoir parcouru la littérature et, d’autre part, à faire apparaître les premières réactions liées à la nouvelle catégorisation proposée par le DSM-5. Un diagnostic de trouble de l’adaptation bien posé permet un traitement (psychothérapie) adapté et une revalidation rapide.

Les troubles de la mémoire autobiographique et du self dans la schizophrénie

Auteurs : F. Berna, J. Potheegadoo, M.C. Allé, R. Coutelle, J.-M. Danion

RésuméLes troubles de l’identité dans la schizophrénie ont été longtemps considérés comme un symptôme central de la maladie, et ce dès ses premières descriptions cliniques. Jusqu’à récemment, leur compréhension a reposé principalement sur des réflexions cliniques ou philosophiques. Dans cet article, nous proposons une synthèse théorique des études portant sur la mémoire autobiographique dans la schizophrénie, en considérant ces perturbations comme un mécanisme cognitif possible pouvant expliquer les troubles de l’identité (ou self) dans cette maladie. Notre analyse a été construite en référence au modèle théorique du self-memory system de Conway (2005) et nous amène à proposer que l’affaiblissement général des caractéristiques subjectives des souvenirs autobiographiques observé chez les patients refléterait une altération de la composante expérientielle du self et de la continuité temporelle du self. La composante conceptuelle du self qui regroupe les images de soi et les croyances apparaît également affaiblie. Enfin, l’organisation des souvenirs autobiographiques, le lien entre le self et les souvenirs ainsi que l’intégration des souvenirs au sein du self apparaissent diminués chez les patients. Nous concluons notre analyse en présentant des interventions thérapeutiques existantes et futures qui visent à corriger ces différentes perturbations.

Efficacité et tolérance des IPDE-5 dans le traitement de la dysfonction érectile chez le patient schizophrène : une revue de la littérature

Auteurs : L. Bacconi, F. Gressier

RésuméLes dysfonctions sexuelles sont fréquentes chez les patients schizophrènes. Elles ont été associées notamment aux traitements antipsychotiques avec des conséquences sur la qualité de vie des patients, l’observance des traitements, et le coût de santé publique. Les inhibiteurs de la phosphodiesterase de type 5 (IPDE-5) pourraient être utilisés chez les patients schizophrènes pour lutter contre les dysfonctions érectiles. Cette revue de la littérature a pour objectif de faire la synthèse des données actuelles concernant l’efficacité et la tolérabilité des IPDE-5 dans le trouble érectile chez le patient schizophrène. Seulement 6 essais thérapeutiques correspondent aux critères recherchés dont 3 essais randomisés, en double insu et cross-over. Au total, malgré certains résultats discordants, les données actuelles laissent présumer une efficacité et une bonne tolérance de l’utilisation des IPDE-5 chez les patients schizophrènes souffrant de dysfonction érectile. Davantage d’études doivent être réalisées afin de conclure à l’utilisation des IPDE-5 chez les patients schizophrènes.

Manifestations dépressives au cours de l’anorexie mentale : données de la littérature et implications pour une utilisation adaptée des...

Auteurs : N. Leblé, L. Radon, M. Rabot, N. Godart

RésuméUne comorbidité dépressive est souvent retrouvée au cours de l’anorexie mentale (AM), et la prescription d’antidépresseurs est fréquente, mais n’est étayée sur aucune donnée probante dans la littérature. D’une part, des symptômes dépressifs isolés sont fréquents, liés à la symptomatologie de l’AM, à la dénutrition ou à une phase évolutive de la maladie. D’autre part, un épisode dépressif majeur (EDM) est également fréquent et impacte l’évolution de l’AM, mais est difficile à différencier cliniquement des symptômes isolés. Les essais cliniques concernant l’utilisation d’antidépresseurs (AD) au cours de l’AM sont défavorables à cette prescription. Selon les recommandations internationales, elle n’est pas recommandée en première intention et n’est à envisager qu’après renutrition, et uniquement en présence d’une comorbidité dépressive caractérisée. Différentes faiblesses méthodologiques peuvent expliquer l’absence de preuve de l’efficacité des antidépresseurs dans l’AM. Le diagnostic d’EDM au cours de l’AM doit s’appuyer sur des éléments spécifiques : antécédents familiaux de trouble de l’humeur, chronologie d’apparition des signes dépressifs, existence de symptômes prédictifs d’un épisode dépressif majeur. Nous proposons un arbre décisionnel pour la prescription d’AD au cours de l’AM. Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, mieux tolérés, sont à privilégier et le terrain somatique fragile des patients doit être évalué avant la prescription, puis surveillé.

Interventions psychothérapiques dans le trouble bipolaire chez l’enfant et l’adolescent

Auteurs : D. Bailly

RésuméDepuis une quinzaine d’années, plusieurs types d’interventions psychothérapiques à destination des enfants et des adolescents présentant un trouble bipolaire ont été développés. Parmi celles-ci, celles centrées sur la famille (comme le programme family-focused treatment for adolescents with bipolar spectrum disorders) ou incluant enfants et parents (comme les programmes multi- or individual-family psychoeducational psychotherapy et child- and family-focused cognitive-behavioral therapy ou encore la thérapie comportementale dialectique) s’avèrent prometteuses. Les interventions individuelles (comme la thérapie interpersonnelle avec aménagement des rythmes sociaux et la thérapie cognitivo-comportementale) apparaissent à ce jour moins bien documentées. Quoi qu’il en soit, les études réalisées comportent toutes de nombreuses limites sur le plan méthodologique rendant difficiles l’interprétation et la généralisation de leurs résultats. C’est dire que des études complémentaires s’avèrent nécessaires pour juger de l’impact de ces interventions, notamment à long terme, sur le devenir des enfants et des adolescents bipolaires.

La veille sanitaire dans la prise en charge des suicidants. Quels outils, quels effets, comment les évaluer ?

Auteurs : E. Castaigne, P. Hardy, F. Mouaffak

RésuméLa majorité (60 à 70 %) des suicidants pris en charge en milieu hospitalier est orientée vers un retour à domicile. La prise en charge posthospitalière vise à prévenir les récidives suicidaires en réduisant les facteurs de risque suicidogènes, tels que les troubles psychiatriques et les facteurs de risque psychosociaux. Le faible engagement des suicidants dans les soins proposés (effectif dans 10 à 50 % des cas) représente toutefois un facteur limitant pour l’efficacité de ces prises en charge. Depuis plus de 20 ans, celles-ci font l’objet d’études centrées sur des dispositifs ditS de « de veille sanitaire », qui incluent des dispositifs tels que les services d’accueil téléphonique, les adressages de courriers, les rappels téléphoniques programmés et les visites à domicile. Les difficultés méthodologiques soulevées par de telles études expliquent pour une bonne part l’hétérogénéité des résultats observés. L’efficacité de ces dispositifs sur la récidive suicidaire à moyen terme (12 à 18 mois) n’a ainsi pas été confirmée. Leur efficacité, en termes, d’engagement des patients dans les soins posthospitaliers, n’a fait l’objet que de peu de travaux, ce qui explique en partie l’absence de résultats concluants en la matière. Faciles à mettre en œuvre, relativement peu coûteux, très bien acceptés par les usagers, ces dispositifs devraient connaître un développement de leur utilisation et faire l’objet de nouvelles recherches focalisées sur l’engagement dans les soins.

Cas clinique / Revue brève

Colite ischémique sous quétiapine associée à d’autres molécules anticholinergiques : à propos d’un cas

Auteurs : P. Cuny, M. Houot, S. Ginisty, S. Horowicz, F. Plassart, H. Mentec, P. Eftekhari

RésuméSi les effets anticholinergiques d’ordre psychiatrique et cardiaque induits par les antipsychotiques sont bien reconnus et surveillés, il n’en est pas de même pour les troubles digestifs en rapport avec une baisse de motilité intestinale, dont la gravité est souvent sous-estimée. Cette dernière, marquée par des symptômes peu spécifiques, tels que constipation, douleurs abdominales, peut conduire en quelques jours à une colite nécrosante d’évolution fatale. Nous rapportons ici le cas d’un patient âgé de 34ans traité notamment par quétiapine pour troubles bipolaires, et ayant présenté, après prise en charge retardée en raison de symptômes psychiatriques prédominants, une pseudo-obstruction digestive d’évolution fatale. C’est devant une intensification des douleurs abdominales et les résultats de l’imagerie que le diagnostic de syndrome occlusif compliqué d’ischémie digestive a été posé. Ce cas souligne l’importance d’une meilleure connaissance de cette complication chez tout patient traité par antipsychotique.

Perspectives / Opinions

Carence en fer : une perspective diagnostique et thérapeutique en psychiatrie

Auteurs : A. Kassir

RésuméLe fer est un minéral impliqué dans la synthèse de nombreux neuromédiateurs. Parmi les 412 sujets de notre observation de pratique libérale de ville menée pendant 24 mois, 335 (soit 81,3 %) en majorité des femmes présentaient une carence martiale selon les critères définis. L’instauration d’un traitement oral par fer élément éventuellement associé au traitement psychotrope était suivie chez les patients carencés d’une régression/rémission des symptômes chez 193 sujets. Le fer semble, en favorisant notamment la synthèse des neuromédiateurs mono-aminergiques, réduire l’hyperémotivité, l’anxiété, l’irritabilité, l’agressivité, la tristesse, l’anhédonie, l’apathie, l’asthénie, les dyssomnies, les symptômes neurovégétatifs, les troubles des conduites alimentaires, le syndrome des jambes sans repos, les performances cognitives et la probabilité du recours à l’hospitalisation psychiatrique. Le traitement martial est susceptible de potentialiser l’effet des psychotropes, voire d’agir comme un véritable antidépresseur, et sa poursuite est justifiée jusqu’à l’acquisition d’un taux de ferritine sérique>100ng/mL et/ou d’un CST≥30 %. Il est nécessaire traiter la(les) pathologie(s) somatique(s) expliquant la carence en fer afin d’éviter la résistance ou la rechute symptomatique après l’arrêt du traitement. Notre étude incite à prendre en considération le profil martial des patients psychiatriques et à mener des études randomisées en double insu versus placebo incluant des critères d’évaluation plus objectifs pour confirmer le rôle du fer dans les troubles et syndromes psychiatriques ainsi que l’intérêt du traitement martial dans la prise en charge thérapeutique.

Lettre à la rédaction

Trouble obsessionnel compulsif pédiatrique : forme inaugurale inhabituelle de la maladie de Lafora

Auteurs : A. Nasri, M. Mansour, A. Kacem, H. Derbali, M. Yahya, A. Riahi, I. Bedoui, M. Messelmani, J. Zaouali, N. Fekih-Mrissa, A. Bouzayène, R. Mrissa

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